Algérie

Marie-Claire BOYET La martyre de Tagdempt



Marie-Claire BOYET La martyre de Tagdempt
Amar BELKHODJA, ancien journaliste à El Moudjahid, a publié ce livre, à compte d'auteur, afin de rendre hommage à Marie-Claire BOYET et son époux, Yves BADAROUX, couple qui fut assassiné dans sa ferme le 15 octobre 1957 à Tagdempt pendant la Guerre d'Algérie.

Alors que Louis BOYET père était parti à Alger avec son petit-fils, Marie-Claire et son mari furent abattus froidement par trois soldats français qui ne comprenaient tout simplement pas que des français d'Algérie puissent prendre fait et cause pour des algériens. En effet, Marie-Claire et son mari n'hésitaient pas à dire qu'ils étaient avant tout «Algériens» et donc n'appartenaient pas à la France.
Il faut rappeler que pendant cette Guerre d'indépendance, certains français ont défendu avec force la cause algérienne. Même si ce ne fut pas le cas de la majorité d'entre eux, ce fut le cas de la famille BOYET.

Selon un témoignage de Mustapha BELARDI, c'est son amour pour l'Algérie qui a coûté la vie à Marie-Claire qui était une femme aimée par toute la population arabe de la région. Elle participa, dès sa plus tendre enfance, aux cérémonies et fêtes locales et parlait l'arabe très couramment. Mustapha BELARDI précise dans son témoignage : «une femme exemplaire, charmante et vertueuse. Marie-Claire était un ange. Que Dieu lui accorde sa miséricorde. Elle nous aimait tant, nous l'aimions fort».

Lorsque la presse titrera dans ses colonnes cet assassinat, elle n'hésitera pas à accuser l'ALN (Armée de Libération nationale) de ce meurtre ! Pourtant, les français comme les algériens ne seront pas dupes et découvriront que c'étaient bien des soldats de l'armée française et non de l'ALN qui en étaient responsables.

Le procès des trois meurtriers eut lieu en 1958. La veille du procès, l'armée coloniale «inventera» un motif pour inculper Louis BOYET afin qu'il ne puisse pas assister au procès des assassins de sa fille et de son gendre. On ne saurait dire quel en fut le verdict ; ce qui est certain, c'est que les autorités militaires auront utilisé tous les moyens possibles pour «blanchir» les meurtriers.

Après l'indépendance, Louis BOYET, que certains colons français appelaient avec mépris «l'arabe», optera pour la nationalité algérienne et deviendra, entre autres, membre du 1er Parlement algérien. Il s'éteindra en 1968.

C'est en 1984 que des recherches historiques seront effectuées sur ce procès afin de rétablir la vérité. Trois années plus tard, ces recherches permettront la découverte de documents concernant les auditions des meurtriers passés aux aveux le lendemain même du meurtre. Certains de ces documents sont joints dans ce livre, dans leur intégralité.

En hommage à Marie-Claire qui mettait ses propres fleurs en bouquets pour les vendre ensuite sur le marché, Amar BELKODJA a écrit, en octobre 1989, un très joli poème intitulé «Une pensée à Marie-Claire» que je reproduis ci-après dans son intégralité :

«Belle Marie-Claire, tu opposas des fleurs aux armes
Belle Marie-Claire, tu n'aimais pas le bruit des bottes
Et tu as dit non à la guerre
Et quand les balles fauchèrent ton corps
Nous avions eu mal au cœur
Notre âme a frémi
Et de nos yeux des larmes se mêlèrent à ton sang
Parce que toi Marie-Claire, tu avais accepté de mêler ta colère à nos souffrances
La colère d'une femme amoureuse de la vie, de ses fleurs, de la paix et de la liberté,
Aujourd'hui, belle Marie-Claire,
Accepte notre hommage et nos fleurs.
Nous sommes venus fleurir ta tombe
Pour perpétuer le souvenir d'une jeune femme
Dont le nom est gravé sur la glorieuse épitaphe de Yamina Aït Amrane, Malika Hamdani, Fatima Naïmi, Hassiba Ben Bouali ...».

* Paru aux éditions Anep



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