Distante d’un peu plus d’1 kilomètre de Mostaganem, sa grande sœur, la cité de Mazagran, là où se trouve le mausolée de Sidi Belkacem, devient la destination obligée de tous les cortèges nuptiaux. Hiver comme été, le pieux marabout constitue un passage obligé et sa « baraka » est requise par tous les noceurs du coin. Si bien qu’en saison estivale, la route qui y mène se transforme en un sinueux encombrement sonore. Parfois, l’affluence est telle que la mariée, qui doit y entrer pieds nus comme le veut la tradition, doit faire un sacré bout de chemin pour parvenir à ses fins. Car il ne viendrait à l’esprit de personne de contourner ce mausolée perché sur un mamelon et dominant une mer que les ondulations d’un vent d’est rendent encore plus attrayante. Même durant la soirée, les visiteurs ne manquent pas. Car ici, ce sont également les maris qui doivent se soumettre au rituel. Même s’ils le font avec moins de tapage, le cortège étant alors réduit à sa plus simple expression, la visite du mausolée est requise pour tous. A l’autre bout de la ville, plage de Kharrouba celle que fréquentaient les familles urbaines de Tigditt, plus proche, trône fièrement Sidi Mejdoub, qui partage avec son lointain compère de Mazagran, cet honneur séculaire de pouvoir donner sa baraka, toute marine, à toute nouvelle union. Ce n’est qu’une fois ces rituels accomplis que les heureux élus peuvent enfin se retrouver. Il est vrai que depuis un certain temps, sans doute avec l’arrivée de nouvelles populations venues d’ailleurs, il arrive que des couples fassent la visite ensemble. Ce qui ne dispense pas le mari de revenir, le soir, seul, auprès de Sidi Belkacem. Cette visite des mausolées, fort nombreux dans la région, n’est pas spécifique à Mostaganem. A Mesra, il y a Sidi Bendhiba qui surplombe l’opulente cité. A Sidi Lakhdar, c’est le marabout éponyme, le grand poète et guerrier du Dahra qui est sollicité. Partout ailleurs, à Aïn Tédelès, Aïn Nouissy, Bouguirat, Sirat, Oued El Kheir, Tazgaït, Ouled Boughalem, Beni Ifren, Khadra, Hadjadj, là où les saints de la région apportent calme et sérénité, les cortèges nuptiaux se relaient sans discontinuer. Surtout qu’avec l’émergence des salles des fêtes et la disparition des soirées familiales animées par les maîtres du chaâbi, la date du mariage dépend du bon vouloir des propriétaires de ces salles. Les mélodies langoureuses de Maâzouz Bouadjad ou de Habib Bettahar ont cédé, face à des Dj de plus en plus inventifs et de plus en plus exigeants. Même les visites rituelles aux marabouts sont souvent émaillées de carambolages, voire souvent d’accidents provoqués par la stupidité des automobilistes. (El Watan-07.08.09.)
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Posté Le : 26/02/2015
Posté par : patrimoinealgerie