Algérie

Mariage à Souk Ahras, entre tradition et endettement



Mariage à Souk Ahras, entre tradition et endettement
Célébré avec faste et tintamarre, le mariage est de plus en plus coûteux à Souk-Ahras et dans la majorité des autres villes de l’est algérien, où rien ne semble prévoir la rupture avec le « m’as-tu vu » et les « qu’en dira-t-on ». De la dot au trousseau de la mariée, des achats les uns plus onéreux que les autres, l’heureux prétendant à l’hyménée va inéluctablement, après le coup de grâce chez le bijoutier, vers l’endettement. Il doit faire preuve dans tous les cas d’une connaissance profonde des besoins de la mariée et, surtout, faire preuve d’aisance devant les invités sous peine de subir les foudres des mauvaises langues qui peuvent atteindre le couple à n’importe quel moment de leur vie prénuptiale. Ariss el ghelba (mari de misère), Ares gueddou-gueddou (un mariage juste-juste)… sont autant de mots courants pour alimenter les commérages des convives qui restent à l’affût du moindre indice de frugalité ou de disette pour s’acharner sur l’une ou l’autre famille. La fête proprement dite est accompagnée de rituels, de coutumes variant d’un temps à un autre et d’un groupe social à un autre. Ce qui était de rigueur autrefois est facultatif aujourd’hui. Les atours que la mariée portait impérativement la nuit où le mariage devait être consommé et le port du burnous du père ou du grand père par son mari ont totalement disparu au profit de la robe de mariée et du costume universel. Seules quelques familles conservatrices en font une obligation dans le but de perpétuer la tradition. Des femmes en carats et autres, harnachées pour la circonstance, défilent et dansent pendant toute la journée au rythme du disc-jockey, une « machine à musique » qui a ravi la vedette aux ancestrales fkirettes (chanteuses traditionnelles qui animaient les fêtes familiales). La cuisine citadine tombée en disgrâce y est ressuscitée et les mets du terroir, les uns plus succulents que les autres, sont préparés en présence de cuisinières professionnelles. Du côté des hommes, les troupes de malouf,de chaâbi ou de raï animent la soirée jusqu’au petit matin. Les boissons alcoolisées, totalement disparues des mœurs souk-ahrassiennes pendant les fêtes familiales, sont servies en toute discrétion, à la demande de l’invité. Pour une majorité frappée de plein fouet par une disette chronique qui sévit à Souk-Ahras, les couples partent dans un semblant voyage de noces, juste après un passage furtif à la mairie. Pour d’autres encore, le tout est résumé en une walima (rencontre-dîner) où l’on évoque les supplices du tombeau (aadheb el-kabr) et le châtiment réservé au fornicateur (oukoubet el-fassek). Point de musique ou de signe de joie.


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