Algérie

Maria Dolores : Hilarante, séduisante et profondément humaine


Adapté au contexte local, le spectacle de Maria Dolores donné au CCF d'Oran ne manque pas d'attrait. Mi-clown mi-femme fatale, elle dispose de plusieurs atouts pour plaire avec ses formes généreuses, ses pas de danse suggestives, sa voix envoûtante et, pour couronner le tout, son contact intime avec le public. Quelques chansons (des reprises de Dalida ou de Julio), des histoires délirantes frisant l'absurde et beaucoup d'échanges avec les spectateurs suffisent pour passer une agréable soirée avec Los Crucificados, un show mariant chant, comédie burlesque et improvisation. Une prestation atypique qui a surpris plus d'un, ne sachant pas, au début, si on a affaire à une chanteuse de Jazz, à une comédienne de théâtre ou à une artiste venue spécialement pour enquiquiner son auditoire comme le ferait un organisateur de spectacle de rue. Chacun de ses musiciens joue un rôle. Un contrebassiste, passant pour un fils qu'elle a eu à Broadway (USA), un luthiste, personnage « souffre-douleur » qui aurait troqué son accordéon pour la circonstance et un pianiste qui a dû apprendre son rôle en l'espace de deux jours, car il a été sélectionné localement pour combler un vide dans l'orchestre.Autant au clavier que dans le rôle de Michel, Mehdi s'en est bien tiré. « Après cela, tu va être très demandé sur les scènes d'Oran », lui a-t-elle déclaré au moment de la présentation, bien sûr sans citer son nom, ne voulant pas être reconnu dans l'habit qu'on lui a confectionné, notamment « la chemise à tigre », devait-elle préciser, malicieuse. « C'est votre président Chadli qui a insisté pour que je vienne me produire ici chez vous », devait-elle lancer. Ce décalage temporel et la confusion qu'il entraîne est l'un des facteurs classiques de déclenchement du rire et c'est comme cela que, passée la phase d'étonnement, elle a pu accrocher le public : « Je devais chanter en duo avec Khaled, mais à la dernière minute il a annulé parce qu'il était très saoul. »Un autre exemple de familiarisation avec son auditoire qu'elle ne se gênera pas de rappeler à l'ordre par des « skout » (tais-toi) quand le besoin se fait sentir. Entre un Chinois qui lui dit « wah » à la manière oranaise et un Enrico Macias qui lui a promis de venir avec elle mais qui a dû décliner l'offre à la dernière minute, Maria Dolores a été visiblement mise au parfum des codes locaux. Habituellement, lit-on à son sujet, elle ne se gêne pas pour s'asseoir sur les genoux des spectateurs du premier rang. A Oran, elle n'a pas osé, mais elle a serré dans ses bras et embrassé quelqu'un du public. Sauf que celui-ci n'a pas été choisi au hasard. Lui aussi faisait partie de la mise en scène et sa place a été réservée dès le départ. Peu importe, le message est passé. « J'ai découvert et aimé un peuple magnifique », a-t-elle conclu.
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