Jean et Marguerite Carbonare, en citoyens de liberté, ont pris fait et cause pour l’Indépendance et ont aidé à la reconstruction du pays durant de longues années.
Marguerite Carbonare, après avoir fait éditer, à titre posthume, le livre, «Ensemble, se remettre debout», une autobiographie de son époux Jean Carbonare, aux éditions Olivetan en mars 2010, a répondu à un appel pressant de sa fille Naïma, et notamment d’autres amis, et a écrit, à son tour, un témoignage émouvant, poignant, sous le titre éloquent de Fracture et souffle de vie, édité en 2012, aux éditions L’Harmattan (nous y reviendrons). C’est «pour compléter», nous disait-elle, ce travail impérieux, dicté par l’amour et le devoir, qu’avait entrepris son époux, Jean Carbonare, qui découvrit l’horreur de la guerre d’Algérie et de la torture, quand il fut envoyé en émissaire dans les Aurès par le gouvernement de Guy Mollet, afin d’y rencontrer les gens du GPRA.
S’en suivit un engagement moral pour les opprimés, qui ne se démentira jamais pour cet ancien condamné à mort par les Nazis.
Son épouse, Marguerite Carbonare, qui avait enseigné le français au lycée de filles, El Houriya (ex-Laveran), de Constantine, durant 14 ans -de 1961 à 1975- était donc, hier, à Constantine, au même lycée.
La rencontre de ses amis de toujours, et de quelques-unes de ses anciennes élèves, a suscité, on le devine, d’indescriptibles émotions. Des souvenirs, de précieuses réminiscences, ont investi, intacts, et sans crier gare, nos mémoires, celles du cœur, qui écoutaient, bouleversées.
Comment parler de ce couple qui a tant donné à l’Algérie, de ces deux êtres exceptionnels qui ont réalisé tant de choses pour notre pays, avec une humilité intrinsèque, toute naturelle pour eux, mais qui nous paraît, aujourd’hui, avec le recul nécessaire, tellement extraordinaire!
Entre autres actions, nous évoquerons cette épopée, - nous ne pouvons qualifier autrement cette grandiose opération-, qu’est la plantation de dix millions d’arbres au lendemain de l’Indépendance sur tout le territoire de l’est, jusqu’au sud.
Marguerite Carbonare est venue aussi un peu dans l’urgence, puisque le livre de Jean Carbonare a été traduit en arabe (Editions Araja), par quelques personnes, interpellées par la nécessité absolue de faire connaître aux jeunes générations toutes ces belles choses accomplies par leurs aînés pour la reconstruction de l’Algérie.
Les auteurs de cette action téméraire, mais combien heureuse, sont mesdames Fadila Kara-Mostefa, Sakina Benseddik-Bdeir, Leïla Benkhelif et M. Lokman Bencheikh-El Hocine. Sans oublier, tient-on à préciser, les corrections de l’éminent arabophone, M. Mansour El Maghribi, un Palestinien aux origines lointaines algériennes.
«Ce travail nous a pris deux ans ; avant de l’effectuer nous avons demandé la permission à Marguerite, qui n’en croyait pas ses oreilles», nous confie Sakina Benseddik-Bdeir. Et Marguerite elle-même de renchérir, émue: «Je ne pouvais espérer plus belle chose pour les jeunes générations!»
Vente-dédicace du livre «Ensemble, se remettre debout»:
L’office des établissements de jeunes (ODEJ), situé à la rue Kaddour Boumeddous, a accueilli hier une assistance nombreuse, à l’occasion d’une séance de vente-dédicace de la traduction en arabe du livre «Ensemble, se remettre debout», de Jean Carbonare, paru en 2012 aux éditions Araja.
C’est la veuve de l’auteur, Marguerite Carbonare, invitée de marque de cet évènement qui a dédicacé cet ouvrage aux présents dont des universitaires, des chercheurs, des enseignants à la retraite, des étudiants et des amis de la famille Carbonare. L’occasion aussi pour les initiateurs de ce fructueux «projet littéraire» de revenir sur la genèse de l’idée qui a finalement abouti grâce aux efforts de Sakina Benseddik, Fadila Kara-Mostefa, Lokman Bencheikh El Hocine et Mansour El Maghribi.
Ce qui a donné un remarquable ouvrage qui restera un précieux témoignage d’un personnage qui a tant soutenu les causes justes et défendu les idéaux humanitaires.
«C’est à travers ce genre de travaux qu’on rend hommage à ces gens qui ont été nos amis et des amis de l’Algérie, qu’ils soient Français ou autres, mais aussi pour transmettre un témoignage aux jeunes générations qui ne connaissent pas ces vérités», nous dira Lokman Bencheikh El Hocine. S. A.
* Photo: Jean Carbonare, Benbella et Boumediene en 1963. En médaillon Marguerite Carbonare
Farida Hamadou
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Posté Le : 25/09/2012
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo et texte: Farida Hamadou
Source : El Watan.com du mardi 25 septembre 2012