Algérie

«Marginaliser les anciens footballeurs est une politique délibérée» Hocine Boumaref. Ancien joueur international et entraîneur



«Marginaliser les anciens footballeurs est une politique délibérée»                                    Hocine Boumaref. Ancien joueur international et entraîneur
Issu de l'école de football de Kouba encadrée par El Kamel, il a réalisé un cheminement normal dans toutes les catégories des équipes nationales avec le brassard de capitaine grâce à son sérieux et sa forte personnalité. Sa brillante carrière est ponctuée par un titre de champion d'Algérie et une médaille d'or aux Jeux méditerranéens de 1975 avec les Verts. Parallèlement, il a poursuivi avec succès des études supérieures à l'ISTS. En vacances dans son fief de Kouba, il a bien voulu avec la modestie qui le caractérise nous donner son avis sur le football avec un grand «F».
- Que fait Hocine Boumaraf depuis plusieurs années au Qatar '

Je suis employé par la fédération qatarie pour réaliser des programmes d'entraînement de toutes les catégories de jeunes des clubs. Ces derniers sont tous dirigés par des entraîneurs étrangers très cotés, notamment brésiliens, français, croates. J'inspecte les clubs et je dresse des analyses mensuelles. Les meilleurs jeunes sont suivis et versés à Aspire, l'un des meilleures centres de formation du monde. Il ne faut pas oublier que le Qatar prépare la Coupe du monde 2022.

- Qu'est-ce qui vous surprend à chaque retour au pays '

Je constate amèrement combien les anciens footballeurs sont marginalisés. Et maintenant, je suis convaincu que c'est une politique délibérée qui ne fera que faire régresser notre football. La présence de quelques anciens dans les structures, sans pour autant influer sur les centres de décisions, sert en fait d'alibi. Une manière pour enrayer toute critique quant au marasme actuel.

- Un jugement bien sévère. Avez-vous des exemples pour étayer votre analyse '

Certainement : le RCK. Dans notre quartier, il y a six conseillers en football, de nombreux internationaux dont quatre mondialistes. La liste est longue, mais il est anormal qu'une personnalité de la trempe de Salah Assad ne soit pas associé aux destinées du club.
Comme il est anormal que d'autres personnes qui ont fait de brillantes études supérieures soient écartées. Or, au jour d'aujourd'hui, force est de constater que ce sont des aventuriers qui sont à la tête du club pour des intérêts mercantiles. L'environnement est malsain et je reste persuadé que seule une mobilisation des enfants de Kouba peut sauver le club.

- Comment se porte le football professionnel au Qatar '

Il faut savoir qu'au Qatar, c'est une société allemande, «QSL», qui gère la programmation du championnat, notamment l'arbitrage, la désignation des terrains, la gestion du public, le sponsoring et la publicité. L'aspect technique est du ressort de la fédération, notamment la commission de discipline, juridique, les équipes nationales.
Le spectacle est d'un haut niveau parce que chaque club peut aligner 4 professionnels étrangers et 2 asiatiques. Au total, il y a 12 joueurs de qualité sur le terrain et le niveau ne peut être qu'appréciable.

- Quelle comparaison faites-vous avec le football professionnel en Algérie '

C'est sur le plan organisationnel que la différence est criante. Je n'en dirais pas plus tant la différence est énorme. A Doha, rien n'est laissé au hasard. Le planning de toutes les équipes nationales est fixé longtemps à l'avance. Il n'y a pas de place à l'improvisation. Et puis, il n'y a pas de place à l'incompétence dans tous les domaines.

- Justement, que pensez-vous de l'équipe nationale algérienne '

A mon avis, l'équipe nationale a de l'avenir, mais il ne faut pas commettre l'erreur d'en faire le miroir aux alouettes et encore plus le reflet du football algérien. L'EN n'a rien à voir avec le football algérien. Il est plus que nécessaire d'avoir une plus grande présence des joueurs locaux. Mais pour cela, il faut énormément travailler au niveau des jeunes.

- L'Euro tire à sa fin, quelle conclusion peut-on tirer '

Surtout la bonne santé du football mondial. L'Euro a démontré que le terrain de football est devenu un terrain de handball, soit une superficie 10 fois plus grande. Le ballon est toujours en duel et on assiste à ce que j'appellerai une confrontation entre vitesse d'attaque et vitesse défense. Le ballon est convoité en permanence par 7-8 joueurs dans n'importe quelle parcelle de la pelouse.

- Une confrontation entre l'Espagne et l'Italie en finale de l'Euro est-elle logique '

L'Espagne a justifié son rang. Elle est détentrice du titre et championne du monde. L'Italie a démontré qu'elle est la championne du monde de la gestion d'un match. Elle avait deux jours en moins de récupération que son adversaire, l'Allemagne, avec un match avec prolongations et elle est arrivée à s'imposer.
La gestion d'un match est une culture spécifiquement italienne. L'Italie arrive dans les grandes occasions à déjouer n'importe quel handicap en trouvant la solution idéale pour gagner.


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