En dépit des mesures prises par les pouvoirs publics en faveur des pharmaciens d'officine, entre autres, la promulgation d'une réglementation sur les psychotropes, l'adoption d'un nouveau système fiscal et avancement dans le projet de la numérisation « l'officine demeure toujours dans une position de vulnérabilité extrême».
C'est le constat fait par les membres du Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO), lors de leurs intervention, en marge de la tenue récemment de la 17ème Conférence nationale de la Pharmacie, à Alger, et à travers également, la dernière édition de leur bulletin officiel ‘Le Courrier du pharmacien'.
Les membres du Syndicat ont souligné que le retard pris sur de nombreux autres projets menace, en fait, la profession. Le Dr Messaoud Belambri, membre du Conseil national du SNAPO, a affirmé, dans ce sens, que : « nous recensons depuis quelques années la fermeture de 350 officines par an, suite à des cessions volontaires ou à l'abandon du métier et parfois à une faillite de la pharmacie ». Et d'insister sur le fait que l'équilibre économique de l'officine demeure extrêmement précaire. M. Belambri indique qu'en absence d'une véritable réflexion et réforme du système économique et de fonctionnement des officines, la situation risque de se dégrader davantage. Le problème principal qui doit être réglé est « la révision des marges bénéficiaires » car, selon M. Belambri, l'économie de l'officine est basée sur un décret exécutif régissant les marges bénéficiaires datant de 1998. Un système de calcul et d'application des marges devenu totalement obsolète et en contradiction avec les réformes menées en faveur de la production nationale, souligne-t-il. Le président du SNAPO, Dr Karim Merghemi, a fait remarquer, pour sa part, que tous les professionnels ont bénéficié d'augmentations et de privilèges dans leurs revenus au cours des vingt dernières années, à l'exception des pharmaciens. Car, dit-il, leurs marges bénéficiaires n'ont pas changé depuis 1998 et elles sont toujours soumises au décret exécutif n° 44/98, malgré les difficultés économiques et sociales, et en dépit des changements opérés dans le secteur sanitaire. La marge bénéficiaire augmente à mesure que le prix du médicament diminue, alors que la réalité a prouvé que le prix de nombreux produits pharmaceutiques a doublé plusieurs fois, précise M. Merghemi. A cela s'ajoute, explique-t-il, le fait que le taux de change du dollar en 1998 par rapport au dinar, était à environ 58 dinars, alors que son prix par rapport au dinar en 2022 atteignait 140 dinars. « On obtient donc une inflation importante qui a affecté négativement l'équilibre financier et les bénéfices de la pharmacie», regrette-t-il. En revanche, on constate que les charges liées au fonctionnement de la pharmacie, comme le loyer, l'électricité, les impôts et les salaires des ouvriers, ont augmenté de manière significative.
En effet, le salaire minimum, en 1998, était égal à 6.000 dinars algériens, alors qu'il a plus que triplé en 2023 pour atteindre 20.000 DA. Ainsi, la marge bénéficiaire de la pharmacie est en décalage avec la réalité économique et la révision du décret 44/98 est devenue une nécessité absolue pour maintenir l'équilibre économique de la pharmacie. Le SNAPO est en train de travailler sur ce dossier avec les ministères du Commerce, de l'Industrie et de la Production pharmaceutique, de la Santé, du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale et celui des Finances au sein d'une Commission mixte. Cette dernière comprend également le Conseil national de l'Ordre des pharmaciens, l'Association des distributeurs en gros des produits pharmaceutiques et l'Association nationale des opérateurs pharmaceutiques, affirme la même source. Des propositions ont été préparées justement pour les remettre à ladite commission.
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Posté Le : 28/07/2024
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M. Aziza
Source : www.lequotidien-oran.com