Les marchés anticipent un repli du dollar, notamment face à l'euro. Il sera d'autant plus fort que le ralentissement américain sera prononcé. Les stratèges restent prudents sur la sphère émergente, pénalisée par la guerre commerciale et les troubles sociaux.
Les marchés s'attendaient à le voir flancher en 2019 mais le dollar a bien résisté, à l'image de son économie , en ralentissement mais loin de la récession redoutée. Sur l'ensemble de l'année, le billet vert est resté stable par rapport à l'ensemble des devises. Il a même gagné 1,4 % par rapport aux plus grandes (euro, yen, livre sterling, franc suisse, dollar canadien, couronne suédoise), l' euro cédant en particulier 3,3 % face au dollar. A entendre les stratèges de marché, la baisse serait pour 2020. Comme au début de cette année , ils anticipent une correction du billet vert dans les 12 mois. La prudence est toutefois de mise. " Le potentiel de baisse du dollar devrait être limité en 2020 - 1,5 % à 2 % - car l'économie américaine semble bien plus solide ", soulignent les stratèges de Goldman Sachs. Selon eux, le mouvement ne devrait pas non plus s'amorcer tout de suite. " Même s'il y a beaucoup de raisons de se détourner du dollar à long terme (valorisation élevée, dé-dollarisation de certains pays?), aucune d'entre elles ne justifie de parier sur une baisse du billet vert au moins en début d'année prochaine. "
Si la conjoncture mondiale se détériore, les investisseurs étrangers auront tendance à se réfugier sur les actifs les plus liquides et les plus sûrs, les obligations d'Etat américaines, ce qui fera monter le dollar , comme en août dernier. A l'inverse, en cas de bonne surprise pour l'activité mondiale, le dollar sera pénalisé car les étrangers privilégieront d'autres zones d'investissement (Europe, Asie) et vendront leurs titres d'Etat américains pour prendre davantage de risques.
C'est ce dernier scénario que privilégie Morgan Stanley. Selon la banque, l'écart de croissance entre les Etats-Unis et le reste du monde diminuant, les flux vers les actifs américains devraient se réduire. Le billet vert pourrait alors chuter de 6 % au premier semestre.
" Le dollar devrait baisser contre le yen, l'euro et les grandes monnaies du G10 mais progresser contre le yuan et la plupart des devises émergentes ", estime, quant à lui, Kit Juckes, responsable de la stratégie sur les changes chez Société Générale. " Pour le président Trump, un dollar faible serait une victoire ", selon le stratège. Seulement, cela nécessiterait un ralentissement net de l'activité, dont il ne veut pas entendre parler car il diminuerait ses chances de réélection en 2020. Cette échéance électorale capitale va remettre le dollar au centre de l'attention des marchés.
Croissance mondiale
En Europe, la couronne suédoise, une des devises des plus sensibles à la conjoncture internationale compte tenu de l'ouverture de son économie (les exportations représentent près de la moitié de son PIB), profiterait d'une embellie mondiale. A l'inverse, le franc suisse, stable cette année par rapport au dollar et en hausse de 3,5 % contre l'euro, gagnerait du terrain si les marchés s'inquiètent, compte tenu de son statut de devise refuge. La Banque nationale suisse veillera toutefois à limiter la hausse de sa devise, comme elle l'a fait cette année . Les marchés s'attendent à une remontée de l'euro et de la livre sterling, dont les destins sont en partie liés, dans le contexte du Brexit.
Prudence sur les émergents
En 2019, les devises asiatiques ont, dans l'ensemble, reculé sous l'effet de la faiblesse du yuan.La tendance devrait rester la même l'année prochaine. " Nous prévoyons une modeste dépréciation du renminbi en 2020, sous l'effet conjugué du ralentissement de l'économie chinoise et de la poursuite de la guerre commerciale sino-américaine. ", estime Peter Kinsella, responsable de la stratégie sur les changes à l'Union Bancaire Privée. Saxo Bank met en garde contre les risques de retournement du rand sud-africain, en hausse de 1,1 % cette année. L'économie du pays s'est contractée durant la dernière décennie et reste pénalisée par l'endettement et les problèmes politiques et sociaux. La banque n'exclut pas un défaut du pays et une envolée du dollar vers les 20 rands, contre 14,2 rands aujourd'hui. Le rouble, lui, a enregistré la plus forte progression par rapport au billet vert (+11,3 %) cette année. Considéré par certains comme la nouvelle devise refuge dans le contexte de guerre commerciale, sa bonne tenue reste néanmoins tributaire des cours du pétrole (+23 % pour le baril de Brent en 2019). En Amérique latine, gagnée par les troubles sociaux et le ralentissement, la plupart des monnaies - Argentine (-37 %), Chili (-8 %), Brésil (-5,7 %) ont cédé du terrain à l'exception du peso mexicain (+3,8 %). Pour 2020, les marchés sont plus confiants dans le rebond de la devise brésilienne que dans celui des autres monnaies latino.
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Posté Le : 25/12/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Maghreb
Source : www.lemaghrebdz.com