par Kharroubi Habib, Le Quotidien d'Oran, 27 décembre 2011
Ce que la revendication politique n'est pas parvenue à provoquer en Algérie à savoir la révolte populaire contre le pouvoir en place, celle d'essence sociale qui mobilise de plus en plus largement peut en être le déclencheur. Les émeutes de janvier dernier ont à cet égard résonné comme un coup de semonce pour ce pouvoir qui pour en prévenir la récidive s'est mis à distribuer sans compter l'argent qui à vrai dire ne lui fait pas défaut. Sauf que ses largesses accordées dans l'urgence ont pour résultat d'avoir accentué la spirale inflationniste dont témoigne la folie dont les marchés sont le théâtre. Tout ou presque de ce qui s'y vend subit en effet des augmentations de prix aussi vertigineuses qu'inexplicables pour une bonne partie.
Alors si la seule hausse des prix du sucre et de l'huile a incité les citoyens en janvier dernier à descendre dans la rue, ce qui se passe présentement sur ces marchés a de quoi les pousser à « remettre ça ». En cette fin d'année 2011 et malgré les largesses financières consenties par l'Etat, il est devenu encore plus problématique pour les ménages algériens de remplir leurs paniers des produits indispensables pour faire bouillir la marmite quotidienne. Une angoissante préoccupation dont ceux qui en sont taraudés imputent la cause à la démission de l'Etat. Ils ne sont pas loin par ce constat à en arriver à la conviction que l'émeute sociale n'est pas la solution du problème et à se faire à celle que l'Algérie a besoin d'une révolution politique qui doit accoucher d'un changement de système.
Le pouvoir ne fait que précipiter cette prise de conscience en démontrant de manière flagrante qu'il n'a aucune prise réelle sur ce qui fait s'emballer les prix et désespérer les citoyens des conditions de vie amères qui sont leur lot. Pour expliquer les hausses des prix du sucre et de l'huile en janvier dernier, les pouvoirs publics ont pointé un doigt accusateur sur des opérateurs économiques et promis qu'ils mettront fin aux situations de monopole qui leur permettent d'imposer leur diktat en matière de prix sur les marchés. Ce dont se rendent compte les consommateurs après cette promesse officielle est qu'ils sont à la merci d'une spéculation dont les bénéficiaires jouissent d'une totale liberté d'agir.
2012 s'annonce pour l'Algérie comme une année à haut risque car tous les ingrédients sont réunis pour que la revendication sociale se transforme en contestation politique. Les limites du remède que les autorités ont administré à cette revendication sociale sont patentes et démontrent que celui-ci n'est qu'une fuite en avant qui a aggravé la dégradation des conditions de vie de la majorité des citoyens. L'inflation à beaucoup d'égards alimentée par des pratiques spéculatives sans rapport avec la réalité de la loi de l'offre et de la demande et des fluctuations des prix sur les marchés internationaux est en train d'alourdir inéluctablement le climat social et partant politique. Une donne qui peut tout faire basculer en Algérie et être le déclencheur de cette étincelle que les acteurs politiques ont prédit comme inévitable et n'ont pas pu provoquer en se cantonnant dans la revendication politique. Le pouvoir n'a pas eu tort de présenter le bouillonnement qui se manifeste dans le pays comme ayant une origine d'ordre social. Il a tort par contre de croire que la paix sociale s'obtient par les recettes qu'il a utilisées et que les Algériens s'en satisferont et resteront ainsi à l'écart de l'agitation politique qui met en avant l'impérieuse nécessité du changement de système et du régime.
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Posté Le : 27/12/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Quotidien d'Algérie
Source : www.lequotidienalgerie.org