Algérie

Marcher à en crever



Marcher à en crever
Ils ont promis de ne pas augmenter l'électricité. Et pourtant chaque facture dit le contraire mais on ne peut revenir à l'âge des cavernes et des dîners aux chandelles, alors on raque. Ils ont augmenté tout et le carburant, alors soit, qu'il en soit ainsi. Nous, de notre côté, on ne prendra plus la voiture et on attendra le bus promis par le ministère des Transports et les clandestins tolérés par la police.On remisera les clés au fond d'un tiroir après avoir jeté un dernier coup d'?il tendre et mélancolique à notre bagnole et on marchera.
A défaut d'être un peuple en marche, nous deviendrons un peuple qui marche pour ne pas cautionner leurs hausses sur notre dos déjà cassé par le poids de ces hommes au pouvoir qui ont répudié la République.
Nous marcherons jusqu'à en crever la gueule ouverte comme cette sardine qu'on ne pourra plus manger parce qu'elle sera trop chère pour nos poches trouées. Nous marcherons pour demander d'avoir pitié de nos enfants, de conjurer, de sauver ce qui reste d'un pays volé, de dissoudre l'APN et le Sénat puisque ces gens-là ne représentent que leur reflet, leurs familles et leurs tuteurs.
Puisqu'ils ne payent pas l'essence ni l'électricité ni les médicaments ni le téléphone ni rien du tout du reste. Ils sont grassement rémunérés pour ne rien faire sauf faire semblant et qu'ils causent le plus grand malentendu de l'histoire.
A cause d'eux, on nous prend pour un pays démocratique, alors nous marcherons de Tamanrasset, de Maghnia, nous traverserons les vallées et escaladerons les montagnes pour exiger leur départ. «Partez messieurs-dames puisque vous ne servez à rien !», chanterons-nous comme les ouailles de Martin Luther King.
Et avec leur argent, leurs affaires, leurs fortunes ramassées en cinq ans, nous pourrons nous acheter des pompes toutes neuves et des chaussettes, deux paires chacun, pour continuer à marcher. On sera 40 millions de paires de jambes qui frappent le sol en même temps pour qu'on nous entende. Les autres auront peut-être peur de cette foule de pieds en mouvement, de ces godasses qui raclent le béton, de cette marche pour la liberté de dire Non.
Non à tous ceux qui parlent au nom de nos sandales et qui croient personnifier l'Algérie. On marchera jusqu'à ce que nos orteils soient mangés par le béton et que nos chevilles enflées soient sciées par la fatigue puisqu'il ne nous restera que nos pieds comme moyen de transport. Profitons alors de nos pieds en attendant qu'ils taxent la marche en 2019.


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