C'est la saison des bonnes affaires pour les cambistes informels. La
place du 1er Novembre, réputée place forte du change parallèle, située au coeur
de la ville de Constantine, juste en face du siège de la BNA et de la grande
poste, grouille de monde dès la première heure de la matinée.
Des liasses de billets de 1.000
dinars entre les mains, des jeunes guettent les passants, scrutant les visages
pour détecter le client potentiel, et n'hésitent pas à proposer leur service
presque à la criée: «euro, euro», font-ils entendre à la ronde. Le taux de
change des devises, l'euro particulièrement, connaît une hausse assez
importante ces derniers jours, vu la forte demande sur le marché. Départs vers
les lieux saints (Omra), ou en vacances, des dizaines de citoyens rallient
cette place pour effectuer le change de la monnaie locale en euro.
Un cambiste nous confiera que
l'euro, échangé hier à la vente à 12.350 dinars contre 100 euros, a atteint un
seuil inimaginable si l'on se réfère à l'avènement récent de la crise
financière mondiale et ses répercussions sur le change des monnaies étrangères.
Beaucoup de facteurs ont donné
des ailes au marché des devises, dont les départs à l'étranger de nombreux
nationaux, pour des raisons touristiques, ou de business. Et contrairement à ce
que l'on pouvait attendre, l'arrivée massive des émigrés n'a pas du tout influé
sur le taux de change de l'euro qui a gardé sa cote en hausse, faisant peu cas
de la masse d'argent mise à l'occasion en circulation sur le marché noir. «Les
émigrés ne viennent pas au pays avec les poches remplies d'argent», signalent
les cambistes. Ajoutant dans ce sillage que «la crise économique les a touchés,
eux aussi, de plein fouet.» Pour un autre cambiste, le marché des devises
obéit, au-delà des considérations saisonnières, aux manoeuvres des grands
affairistes. On soutiendra aussi que c'est la fuite des capitaux qui alimente
réellement le marché de la devise. «Des sommes colossales en dinars sont
échangées en euros sur le marché parallèle, parfois en tranches pour plus de discrétion,
que l'on achemine aussitôt à l'étranger pour les placer dans des comptes
bancaires», soutient-on. Ces affirmations sont étayées par les arrestations
opérées récemment par les éléments de la gendarmerie nationale dans la région
d'Oum El-Bouaghi, où les saisies de sommes en millions d'euros révèlent une
grave saignée de l'économie nationale. Le marché parallèle des devises sera
florissant tant que durera la mise en circulation de grandes masses d'argent en
monnaie locale.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 02/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : A Zerzouri
Source : www.lequotidien-oran.com