Les prix des alimentaires, qui ont très peu bougé lors de cette semaine écourtée par deux jours fériés à Londres, terminent l'année en ordre dispersé, le cacao ayant fortement grimpé tandis que le sucre et le café ont chuté.Le cacao promis à un bel avenirContrairement à la plupart des matières premières agricoles, le cacao a fortement progressé cette année, bondissant d'environ 25% à Londres comme à New York et atteignant plusieurs fois au cours du deuxième semestre des plus hauts en deux ans. Le cacao côté à Londres a d'ailleurs de nouveau atteint mardi un niveau record depuis septembre 2011, à 1 809 livres sterling la tonne. Cette hausse "est attribuable à la conviction grandissante que le marché du cacao sera en déficit d'offre durant la saison 2013/2014", après l'avoir déjà été à hauteur de 160 000 tonnes en 2012/2013, expliquent les analystes de Commerzbank.Ce déficit est à la fois imputable à la contraction de l'offre et à l'expansion de la demande. En effet, les deux principaux exportateurs mondiaux de fèves de cacao, la Côte d'Ivoire et le Ghana (près de 60% de l'offre à eux deux), devraient connaître des récoltes un peu moins importantes cette saison qu'en 2012/2013. Par ailleurs, l'appétit pour le cacao se renforce, tant en Europe, qu'aux Etats-Unis et en Asie, où les volumes de fèves concassées (reflet de la demande) ont fortement progressé sur les neufs premiers mois de 2013. "Etant donné le déficit sur le marché et le besoin d'investir dans le secteur pour suivre le rythme de l'augmentation de la demande à moyen terme, nous pensons que les prix du cacao vont continuer d'augmenter", concluent les analystes de Commerzbank, qui tablent sur un cours de 1 850 livres sterling la tonne à Londres fin 2014.Les économistes de Rabobank pronostiquent quant à eux sur un prix de 3 050 dollars la tonne à New York à la fin de l'année prochaine. Le café devrait rester plombé par l'excès d'offre en 2014Le café a connu une année 2013 désastreuse, l'arabica plongeant de 19% à New York (après avoir reculé de 35% en 2013) tandis que le robusta cédait près de 12% à Londres. Grevé par une offre pléthorique, l'arabica est même tombé à son plus bas niveau depuis sept ans début novembre.La profusion d'offre est telle que l'épidémie de rouille qui a dévasté les cultures caféières d'Amérique centrale (menaçant de réduire la production de 10% en 2013/2014 selon l'Organisation internationale du café (ICO)) n'a pas eu d'impact sur les cours.Il faut dire que des récoltes surabondantes sont attendues partout ailleurs: la Colombie a récolté 9,8 millions de sacs de 60 kilos sur les onze premiers mois de l'année, soit 43% de plus qu'à la même période l'année dernière tandis que le Brésil devrait atteindre 49,15 millions de sacs, un record pour une année creuse de son cycle biennal de culture caféière.Le Brésil est le premier exportateur mondial de café (principalement d'arabica) tandis que la Colombie est le numéro quatre."Nous avons peu d'espoir que la tendance se renverse en 2014. Non seulement la production colombienne devrait encore augmenter en 2014 mais surtout le Brésil aura son année faste" et pourrait produire entre 57 et 60 millions de sacs, estiment les analystes de Commerzbank. Chez Rabobank également, on estime que les cours du café reculeront davantage en 2014, pour tomber à 95 cents la livre à New York et à 1 480 dollars la tonne à Londres à la fin de l'année prochaine. Le marché du sucre pourrait s'équilibrer l'année prochaineComme le café, le sucre a été durement touché par l'abondance de l'offre en 2013, reculant de 15% à Londres et de 16% à New York.Le marché mondial du sucre devrait connaître en 2013/2014 sa quatrième saison consécutive de surplus, avec un excédent d'offre de 4,73 millions de tonnes, selon l'Organisation internationale du sucre (ISO).Ce surplus est toutefois en nette réduction par rapport à celui de la saison dernière (10,261 millions de tonnes)."Après quatre années d'excédent, le meilleur scénario qui puisse émerger (en 2014) est un équilibre entre l'offre et la demande, mais cette perspective ne devrait effrayer personne, étant donné la forte augmentation des stocks à des niveaux records ces dernières années", expliquent les économistes de Commerzbank. "Néanmoins, c'est une perspective qui devrait permettre une petite hausse des prix du sucre au cours de l'année 2014", continuent-ils, tablant sur un cours de 19,5 cents la livre à New York au dernier trimestre. "Le marché du sucre devrait effectuer une transition vers une saison de déficit en 2014/2015, ce qui fera monter les prix au deuxième semestre 2014", abondent les analystes de Rabobank. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en mars valait 1 788 livres sterling vendredi, contre 1 791 livres sterling le vendredi précédent. Sur le ICE Futures US de New York, la tonne pour livraison en mars valait 2 815 dollars, contre 2 801 dollars sept jours plus tôt. Sur l'ensemble de l'année, le cacao a gagné près de 25% à Londres et 26% à New York. A Londres, la tonne de robusta pour livraison en mars valait 1 699 dollars, contre 1 711 dollars le vendredi précédent. A New York, la livre d'arabica pour livraison en mars valait 117 cents, contre 115 cents sept jours auparavant. En 2013, le robusta a perdu près de 12% tandis que l'arabica a reculé de 19%. A Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en mars valait 444,10 dollars, contre 442,40 dollars le vendredi précédent. A New York, la livre de sucre brut pour livraison en mars valait 16,32 cents, contre 16,42 cents sept jours auparavant. Au cours de l'année écoulée, le sucre a reculé de 15% à Londres et de 16% à New York. Crainte d'une baisse de la demande du maïs et du soja Les cours du maïs et du soja ont pâti cette semaine à Chicago des craintes d'une moindre demande suite au rejet par la Chine de cargaisons contenant des OGMs et face aux bonnes récoltes qui se profilent en Amérique du Sud."Même si on a eu vendredi de très bons chiffres sur les ventes à l'étranger, le marché continue à redouter que la demande de maïs et de soja, notamment en provenance de Chine, s'amenuise", relevait Jack Scoville de Price Futures Group.Les investisseurs appréhendent d'une part les retombées de la décision récente de Pékin de refuser les cargaisons américaines de maïs et de DDG (drêche de distillerie), un sous-produit de la production d'éthanol à base de maïs, contenant du MIR-162. Cet élément génétiquement modifié n'a pas encore reçu l'approbation du ministère chinois de l'Agriculture.Les cours du soja sont aussi affectés par cette décision car le DDG est un concurrent direct des tourteaux de l'oléagineux destinés à l'alimentation animale."Si le DDG prévu pour la Chine ne trouve pas preneur dans d'autres pays asiatiques et revient sur le marché américain, il viendra s'ajouter à l'offre déjà existante de nourriture pour les élevages et fera baisser les prix", soulignait Michael Zuzolo de Global Commodity Analytics and Consulting.Le marché garde d'autre part un oeil attentif à l'évolution des conditions météorologiques en Amérique du Sud.En début de semaine, les investisseurs redoutaient que le temps chaud et sec sévissant actuellement dans plusieurs zones de l'Argentine et du sud du Brésil n'y affecte les récoltes.Mais de nouvelles prévisions météorologiques anticipent désormais des pluies dès la fin de ce week-end ou en début de semaine prochaine. Les récoltes ne devraient au final pas être trop touchées par les conditions actuelles et s'annoncent toujours très abondantes.Les investisseurs américains prévoient donc que les principaux importateurs mondiaux de maïs et de soja, et en particulier la Chine, "se tournent vers l'Amérique du Sud dès que le Brésil et l'Argentine ouvriront leur coffre", estimait Michael Zuzolo. "Ils pourraient même annuler certaines commandes déjà passées auprès des Etats-Unis."Sur le marché du blé, les cours continuent de descendre et évoluent désormais près de niveaux plus vus depuis mai 2012, juste au-dessus de la barre symbolique des 6 dollars.L'offre reste abondante au niveau mondial, aucun pays ne rencontrant de problèmes majeurs de production. Même la vague de froid qui a frappé certaines zones des Etats-Unis où la récolte d'hiver est cultivée n'a pas inquiété outre-mesure les opérateurs.Pour Jack Scoville, les cours des denrées agricoles ont aussi pâti d'un simple phénomène saisonnier. "Les investisseurs se délestent de certaines positions afin de ne pas avoir à s'inquiéter en cette période de fêtes de fin d'année."Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mars évoluait vendredi à la mi-séance à 4,2675 dollars contre 4,3325 dollars en fin de semaine dernière.Le boisseau de blé pour la même échéance s'échangeait à 6,0400 dollars contre 6,1350 dollars vendredi dernier.Le boisseau de soja pour livraison en mars, désormais le plus échangé, s'établissait à 13,0550 dollars contre 13,3100 dollars il y a une semaine. Les cours de coton soutenus par de bonnes exportations Les cours du coton coté à New York s'affichaient en légère hausse sur une semaine vendredi, profitant de bons chiffres sur les ventes à l'étranger et de la décision de Pékin d'arrêter de stocker encore plus de fibre blanche.Après des séances à la baisse lundi et mardi, les prix du coton ont commencé à se redresser jeudi et ont accentué leur progression vendredi dans la foulée du rapport hebdomadaire du département américain de l'Agriculture sur les exportations."Malgré la hausse des prix observée depuis fin novembre, les commandes sont restées solides", remarquait Sharon Johnson de KCG. Les ventes de coton produit aux Etats-Unis sont ressorties meilleures que prévu, grâce notamment à la demande en provenance de Chine ou de Turquie.Autre élément jouant en faveur du cours du coton: Pékin a décidé de modifier sa politique de soutien aux producteurs de la fibre blanche.Depuis quelques années, pour garantir un prix d'achat suffisant à ses agriculteurs, les autorités chinoises achetaient massivement du coton, créant des distorsions sur le marché mondial. Elles vont désormais verser directement des subventions aux producteurs."On savait que cette idée était dans les tuyaux. Ce sera apparemment une phase test dans un premier temps", soulignait Sharon Johnson.Pour Jack Scoville de Price Futures Group, le cours de la fibre blanche bénéficie également tout simplement de "l'amélioration de l'économie au niveau mondial", de nature à faire grimper la demande pour le coton.La livre de coton cotée à New York pour livraison en mars, le contrat le plus échangé, évoluait vendredi à la mi-séance à 84,20 cents contre 83,15 cents à la clôture il y a une semaine).L'indice Cotlook A, moyenne quotidienne des cinq prix du coton les plus faibles sur le marché physique dans les ports d'Orient, valait 88,25 dollars les 100 livres contre 88,35 dollars vendredi dernier.
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Posté Le : 31/12/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Maghreb
Source : www.lemaghrebdz.com