Algérie

Marché libre sans concurrence



Les pouvoirs publics reconnaissent enfin que le libre jeu de la concurrence, qui est l'un des fondamentaux de l'économie de marché, ne fonctionne pas dans le pays. Pour que cette loi fondamentale du marché libre soit à l'avenir respectée, le ministre du Commerce, M. El-Hachemi Djaâboub, a annoncée mercredi que son département a soumis au Conseil de gouvernement des propositions d'amendements à la loi actuelle relative à la concurrence. La nouveauté dans les propositions annoncées par le ministre est la création d'un Conseil national de contrôle de la concurrence. Un organisme qui aura à veiller à ce que n'existent plus à l'avenir de situations de monopole qui rendent impossible la concurrence entre les opérateurs économiques. La création de ce conseil national s'accompagnera de la promulgation d'un texte de loi plafonnant la part de marché de tout opérateur à 45%. Dans le principe, les nouvelles dispositions que l'Etat compte mettre en place pourront servir de garde-fou et empêcher que l'approvisionnement du pays ou son marché soient sous la coupe d'un petite groupe de «trusts» qui, en position de monopoles, font la pluie et le beau temps en matière de prix. Même dans les pays aux économies fonctionnant au mode du néolibéralisme sans restriction, il existe des précautions et des mécanisme de ce genre qui empêchent que se forment des ententes faussant le jeu de la concurrence. Les autorités admettent maintenant que les flambées des prix qui embrasent de façon récurrente le marché national sont dues pour l'essentiel à des pratiques spéculatives auxquelles s'adonnent des opérateurs économiques forts de la situation de monopole qu'ils se sont ménagés dans leur secteur grâce à la permissivité inconsciente, si ce n'est complice de l'Etat qui a fermé les yeux en prétextant les «sacro-saints» préceptes de la liberté des prix et de la loi de l'offre et de la demande. Ce qui s'est passé avec la «crise de la pomme de terre» et celle qui affecte le prix de la semoule ont contraint les autorités à se départir de leur laxisme. Ces deux exemples, pour ne citer qu'eux, ont prouvé aux autorités que le «patriotisme» des opérateurs économiques en charge du marché ne résiste pas à la tentation de faire leur «beurre» sur le dos de l'Etat et du citoyen. L'Etat a consenti à ces opérateurs des compensations qui auraient dû les détourner de la tentation de surenchérir à propos des prix, mais ils n'y ont vu que la bonne et juteuse opération financière que cela leur permettait. Les bonnes dispositions que l'Etat s'apprête à mettre en place ne vaudront toutefois que si elles sont appliquées avec rigueur et sans coupable tolérance. Et c'est cela la quadrature du cercle dans le pays. Il y a une «foultitude» de lois, de mécanismes juridiques par lesquels l'Etat est en mesure d'empêcher la politique du fait accompli que subissent le pays et les citoyens en tous domaines. Ils sont caducs et inopérants dès lors que priment les passe-droits qu'obtiennent les contrevenants, de l'appareil de l'Etat, où ils ont non seulement des connivences mais souvent des partenaires intéressés.


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