Algérie

Marché informel, spéculation, Ramadhan…Les commerçants refusent d'être des «boucs émissaires»



« Nous refusons d'être les boucs émissaires d'une situation engendrée par la mauvaise gestion de l'activité commerciale dominée par l'informel». C'est ce qu'ont déclaré, jeudi lors d'une conférence de presse, les représentants d'associations de commerçants de la wilaya d'Oran qui ont créé, depuis près d'une année, une fédération dans le but d'une meilleure représentativité auprès des pouvoirs publics et qui compte près de 3.000 adhérents. Cette rencontre survient à la veille du mois de Ramadhan, une période de l'année durant laquelle le marché est totalement déstructuré, en l'absence de système de régulation et de contrôle souvent dépassé par l'ampleur de l'activité. Le segment qui a été le plus abordé, lors de cette conférence, est le marché des produits alimentaires et notamment celui des fruits et légumes qui connaît à la même période une véritable explosion. A ce titre, le représentant des mandataires a tenu à rassurer la population quant à la disponibilité des produits en raison notamment, d'un excédent engendré par la fermeture des restaurants universitaires. Quant aux prix, ils ne devront pas connaître une augmentation notamment pour la tomate, cédée jeudi entre 15 et 20 DA, la pomme de terre entre 20 et 25 DA et l'oignon entre 5 et 10 DA, des prix jugés normaux en cette saison. Toutefois, des perturbations sont attendues surtout pour les tout premiers jours du mois sacré en raison de l'afflux des consommateurs, qui pour éviter toute pénurie, vont se ruer chez les mandataires pour faire le plein. Il n'en demeure pas moins que certains marchands de marchés hebdomadaires, à la recherche du profit immédiat, ont annoncé la couleur en proposant un bouquet de coriandre à 30 DA, alors qu'il n'était que de 10 DA, une semaine auparavant. «Certes, il y a encore des commerçants véreux», reconnaît le représentant des marchés couverts, qui explique que ces pratiques sont souvent celles des informels qui imposent leur diktat. Concernant le transfert des halles centrales vers le nouveau marché de gros d'El Kerma, les mandataires restent unanimes pour dire qu'il y a urgence, même si les conditions ne sont pas encore réunies au niveau de ce dernier, mais entre ces aléas et le désordre qui règne aux halles, le transfert reste la solution idoine. Ainsi, si officiellement, seuls 220 mandataires sont répertoriés, leur nombre avoisine les 600. En plus, la situation hygiénique est des plus déplorables et à sujet, les mandataires avertissent les consommateurs sur la nécessité de laver tous les légumes et fruits en raison des souris, porteuses de maladies qui peuvent être fatales pour les consommateurs. Or, officiellement les halles centrales sont fermées depuis 2005, suite à un arrêté de wilaya.

 Pour barrer la route à tous ces faux commerçants, les commerçants du marché Sidi Okba, par le biais de la fédération, ont saisi officiellement le directeur de la sûreté de wilaya l'informant, d'une part sur leurs conditions déplorables dans l'exercice de leur activité et de l'autre pour lui demander d'installer un poste de police au sein de la structure, connue pour être la plus convoitée par les Oranais et par conséquent celle des informels qui ont pris place à l'intérieur du marché, causant un désordre indescriptible. Ces derniers qui ont investi toutes les ruelles avoisinantes, ont envahi l'intérieur du marché. Dans ce contexte, l'association des commerçants de Sidi Okba demande au premier responsable de la sûreté de wilaya d'élargir les prérogatives de la 1re sûreté urbaine, dont l'intervention en matière de sécurité a permis de réduire de 90% le nombre de vols perpétrés. Par ailleurs, dans un appel adressé au ministre du Commerce, la fédération, qui a déjà lancé depuis plusieurs mois une campagne de sensibilisation auprès des commerçants, met l'accent sur la nécessité de mettre en place une véritable stratégie de lutte contre l'informel, qui devrait dépasser le stade de mot d'ordre et qui devrait se matérialiser à travers des mesures concrètes et sans complaisance. Pour la fédération, c'est la seule et unique voie pour barrer la route aux réseaux de spéculateurs qui alimentent le marché informel et qui n'apporte rien au Trésor public, contrairement aux commerçants légaux qui payent leurs redevances fiscales et parafiscales. Un membre de l'association des commerçants s'interroge, à juste titre, sur les raisons qui font que les services de contrôle ne sont tenus de contrôler que les commerçants légaux alors que les informels installés à proximité, activent en hors normes aussi bien hygiéniques que le respect des marges bénéficiaires.




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