Algérie

Marché du transport maritime : la Cnan et ses filiales fragilisées Economie : les autres articles



Depuis l'ouverture du marché des services maritimes tels la consignation des navires de lignes, de tramping, de containers, le transit, entre autres, aux capitaux privés, le Groupe Gema et Nashco (filiales détenues à 100 % par la Cnan), les deux seuls agents maritimes publics peinent à résister à la concurrence féroce que lui font subir les milliers d'intervenants privés nationaux et étrangers.
« Avant 1997, le Groupe Gema était le seul agent maritime sur le marché. Nous gardons toujours en mémoire les prouesses réalisées par notre compagnie au début des années 1990 : Pas moins de 1 200 navires par année soit une moyenne de 100 navires/mois entièrement pris en charge par notre compagnie. Nous étions le seul agent maritime de la compagnie nationale Cnan», se rappelle encore le directeur de l'agence Gema de Annaba.
Ce dernier, s'est toutefois gardé de préciser où en sont les choses actuellement « je ne peux pas vous dire quelle est notre part du marché actuellement ni où se situe la Gema. Je ne sais pas, vu le nombre impressionnant d'intervenants », s'est-il contenté de dire. Ce responsable ne pouvait s'étaler davantage sur la question et c'est légitime car cela reviendrait à mettre à nu la vulnérabilité de ce qui était la fierté des Algériens, son ex plus gros partenaire.
L'effondrement mythologique de la Cnan. a, en effet, ouvert la porte aux géants du fret maritime lesquels, en entrant sur le marché algérien, étaient aussi délicats qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Fortes de flottes respectives de 389 navires et plus de 1,7 millions containers EVP pour le français CMA-CGM, 457 navires et de 2,01 millions d'EVP pour le suisse MSC et enfin 539 porte-conteneurs et 2,1 millions d'EVP pour le danois Maersk Line, les trois premiers armateurs au monde qui ont fait main basse sur le marché national du fret ont envoyé notre vieille compagnie et sa dizaine de vieux navires à l'hospice. Un constat amer auquel souscrit M. Djedid, vice-président de l'UNTCA.
Exhibant une photo d'une machine importée d'Europe par l'un de ses clients et transportée dans un petit vieux navire que Nashco qu'il avait affrété auprès de sa société mère Groupe Cnan, notre interlocuteur a tenu à souligner que « la quasi majorité de mes clients travaillent essentiellement avec ces trois compagnies CMA, MSC et Maersk Line qui interviennent surtout dans les hydrocarbures, vu la vétusté et la vulnérabilité de la flotte nationale.
Ça me révolte de voir notre pays rester en marge d'un marché aussi juteux et que ces géants mondiaux en profitent et se sucrent aux dépens de notre compagnie nationale Cnan dont la filiale Nashco peut mieux faire compte tenu de son expérience avérée dans le domaine maritime et son capital humain qui s'est attiré une reconnaissance nationale et même internationale pourvu que l'on mette à sa disposition plus de moyens».
C'est justement dans la perspective de séduire davantage sa clientèle et d'être plus agressive sur un marché où la concurrence fait rage que Nashco vient de mettre au point une stratégie de diversification et d'expansion de son portefeuille d'activités avec la mobilisation de plus en plus d'investissements axés sur la consignation des navires et de containers, a précisé un cadre de cette entreprise.
Par ailleurs, tient à noter le vice-président de l'UNTCA, malgré l'impressionnante flotte dont ils disposent, les leaders mondiaux du transport maritime containerisé demeurent en appétit féroce sachant que ces derniers mois, ils ont touché de nouveaux porte-conteneurs géants, remplaçant avantageusement de vieilles unités. Miser sur les unités géantes, devrait leur permettre de réaliser d'importantes économies d'échelle, précise M. Djedid. Pour lui, la stratégie pour laquelle a opté le suisse MSC qui est un groupe familial est des plus édifiantes : Cet armement a profité de la crise pour racheter à bon prix certains porte-conteneurs commandés en spéculations. 39 unités de plus de 13 000 EVP seraient ainsi attendues d'ici 2013. Idem pour le Groupe français CMA, dont les Hariri du Liban seraient actionnaires, qui attendrait la livraison, d'ici 2014, de 25 porte-conteneurs et 3 CON-RO (conteneurs/roulier), dont 20 unités de plus de 11 000 EVP, ajoute la même source.
Entre temps, notre glorieuse Cnan n'arrive même pas à faire un lifting à sa vieille flotte, parler de nouvelles acquisitions relèverait de la démesure. Pourtant, ce ne sont pas les moyens qui font défaut à moins que l'on veuille que l'opérateur économique algérien soit asservi par les prédateurs du fret maritime.


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