Marché de la friperie Un commerce et des zones d'ombre

Le commerce de la friperie connaît une véritable explosion dans la wilaya de Constantine. D'abord limité dans l'ancien marché informel de Daksi qui a été rasé, ce commerce bien lucratif, s'est rapidement déplacé vers d'autres quartiers et ses marchés fleurissent, un peu partout, à Sidi Mabrouk, Oued El-Had, Rahbet El-Djemel et même au centre-ville. Certains professionnels de ce commerce sont devenus vendeurs itinérants et n'hésitent plus à s'installer dans des marchés hebdomadaires de plusieurs villes de la wilaya. A l'évidence, c'est la situation socio-économique d'une large frange de la population qui a stimulé la prolifération de ce business, car beaucoup de chefs de famille ont tendance à se rabattre sur ces marchés où les prix des vêtements défient toute concurrence. Cette situation n'a pas échappé aux spécialistes de ce commerce, qui importent d'Europe, notamment, des milliers de ballots revendus en gros et au détail dans des magasins ouverts à cet effet et surtout à travers les souks constantinois. L'exemple du marché de la friperie de Aïn Smara est une image édifiante de l'ampleur que prend le commerce de la friperie, car il rassemble plus d'une centaine de stands de fortune, faits de lits de camp, pour la plupart, où une incroyable quantité de vêtements est proposée aux clients à des prix très avantageux pour les bourses modestes. Ainsi, on peut y trouver des pantalons pour hommes entre 150 et 200 DA. Des vestes de bonne qualité ne dépassent pas 300 DA, des costumes trois pièces à 1.000 DA, des imperméables ou des manteaux à 500 DA et même des vestes en cuir presque neuves pour moins de 1.000 DA alors qu'elles coûtent 6 à 7 fois plus à Rahbat El-Djemel. Cependant ce commerce de la friperie n'est pas vraiment encadré et particulièrement sur le plan des risques sanitaires éventuels, car il s'agit de vieux vêtements dont les propriétaires s'en sont séparés pour des raisons indéterminées. Les quelques vendeurs questionnés sur le sujet, affirment les avoir acheté chez des grossistes de Tébessa ou de Aïn Fakroun, dans la wilaya d'Oum El-Bouaghi. S'agissant souvent d'achats faits en deuxième, voire en troisième main, personne parmi eux n'est en mesure de présenter le moindre document attestant que ces vêtements ne présentent pas de risques sanitaires. Or, selon les précisions données par les responsables de la direction du Commerce de la wilaya, la vente de ces produits est obligatoirement subordonnée à la présentation d'un certificat sanitaire délivré par les services de santé des ports du pays où s'effectue le contrôle sanitaire en question. Ceci avec une précision de taille: la vente des sous-vêtements et de la literie est, en principe, interdite, alors que ces vêtements sont disponibles en quantité au marché de Aïn Smara et partout ailleurs. Le problème est d'autant plus préoccupant que les acheteurs questionnés, ignorent l'existence de ce document et de cette interdiction. Certains clients rencontrés à Aïn Smara disent se contenter d'acheter le vêtement à bon prix, et de le faire nettoyer au dégraissage où à la maison avant de le porter. La question se pose, car c'est un problème de santé publique qu'il s'agit de clarifier et le porter à la connaissance de tous les concernés. Les quelques contrôles opérés sur différents sites par les services compétents ne semblent pas, en tous cas, être suffisants pour influer, donc, sur une situation potentiellement préjudiciable pour la population sur le plan sanitaire.