Le marché de l'immobilier obéit-il à une quelconque logique de l'offre et
de la demande ? Les prix des appartements, toutes formules comprises,
s'appuient-ils sur une mercuriale précise, balisée par un quelconque contrôle ?
Ces interrogations et d'autres ont le mérite de recadrer le secteur de
l'immobilier qui a tendance à échapper à toute manÅ“uvre de structuration.
Les derniers projets de loi, loin
de faire l'unanimité, ont mis en lumière un vecteur «opaque» qui se nourrit de
l'absence d'articles clairs à même de mettre en sécurité les deux signataires
d'un contrat d'acquisition de logement. Et malgré les deux programmes
présidentiels pour la construction de deux millions de logements, la crise du
toit persiste charriant derrière elle, comme inéluctable corollaire, la montée
en flèche des prix. Des prix qui, en l'espace d'une décennie, ont doublé voire
triplé au grand dam des ménages qui n'ont pu trouver leur place dans aucune des
formules de logements initiés par l'Etat.
Les témoignages se succèdent pour
dénoncer une surenchère parmi les promoteurs immobiliers pour arriver à un
«F3», promotionnel, sur plan à 1,6 milliard, livrable dans deux ans selon les
prévisions les plus optimistes. L'éventuel acquéreur d'un appartement se trouve
en face de plusieurs dilemmes et obstacles à surmonter pour un toit avec en
prime des pratiques «douteuses» de certains promoteurs qui versent directement
dans la fraude fiscale en ne déclarant pas la totalité du prix de cession.
Cette formule de vente passe généralement par certaines agences immobilières
qui jouent ainsi aux intermédiaires.
«J'ai contacté un agent
immobilier qui m'a proposé un F3, situé au centre-ville, dans le cadre du
promotionnel, à 9,9 millions de dinars mais à condition que le prix déclaré
soit de 6,5 millions de dinars et le reste au noir», témoignera Brahim,
fonctionnaire qui voulait bénéficier de la formule du taux bonifié à 1%
d'intérêt dans le cadre du prêt immobilier.
Même ce prêt, ésotérique pour
certains, n'est pas suffisamment appréhendé par les citoyens qui ignorent
encore son existence malgré les nombreuses campagnes de presse l'ayant entouré.
Un taux bonifié qui ne s'accorde que pour l'achat de logements neufs dans le
cadre du promotionnel ou dans l'auto-construction mais qui reste loin des
finances réelles de fonctionnaires honnêtes. « Avec un m² cédé à plus de 12.000
dinars par l'Etat et des appartements promotionnels à 900 millions minimum,
comment peut faire un fonctionnaire pour s'en sortir», confessera Mourad, 36
ans. Pour Halima, enseignante dans le secondaire, la donne est simple puisqu'il
lui faut se débrouiller 250 millions pour compléter le prêt de la banque et
pouvoir acheter son F3, dans le cadre de la promotion immobilière. «Le
promoteur m'a demandé 900 millions et la banque ne peut me prêter après étude
de mon dossier que 650 millions que je dois rembourser à hauteur de 3 millions
par mois sur 23 ans, alors vous voyez où se pose le problème».
D'autres qui s'essayent à la
promesse de vente butent sur le taux d'intérêt de 6% pratiqués par certaines
banques et la frilosité des revendeurs qui préfèrent également ne pas déclarer
la totalité de la somme obligeant par là l'acheteur à trouver d'autres sources
d'argent pour compléter la somme demandée.
Cette explosion dans les prix
touche de plein fouet les fameux logements sociaux participatifs qui ont coûté
à leurs propriétaires, dans leur première version, quelque 70 millions de
centimes et qui se monnayent actuellement à partir de 800 millions de centimes.
Et parmi les raisons invoquées pour expliquer cette hausse, les intermédiaires
qui parasitent le secteur de l'immobilier d'où l'intervention des pouvoirs
publics à même de réguler un tant soit peu ce marché.
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Posté Le : 05/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com