Comparativement au boum constaté en 2008, une année durant laquelle, les
prix de l'immobilier ont explosé à Oran avec une hausse de plus de 50 %, les
fluctuations sont relativement moins importantes depuis le début de cette
année. La hausse est estimée par des professionnels du secteur entre 10 % pour
les locations et 20 % pour les ventes.
Ainsi, pour les loyers, au centre-ville, un « F2 » est loué à partir de
10 000 DA. On débourse 1.000 DA en moins dans la périphérie de la ville. Selon
les agents immobiliers, c'est la rareté des appartements en location qui a
engendré ces prix qualifiés, toutefois, de « raisonnables ». Un « F3 » à
Yaghmoracen est proposé à la location jusqu'à 15.000 DA, un « F4 » à presque
20.000 da. Pour les appartements haut standing composés de 5 pièces, notamment
au centre-ville d'Oran et dont les demandeurs sont surtout les fonctions
libérales, le loyer mensuel est égal à celui d'une villa dans les quartiers
résidentiels à savoir entre 50 000 et 80 000 da.
A l'USTO et dans des sites nouveaux comme l'AADL, des locations
s'effectuent en catimini avec des loyers atteignant les 12. 000 DA en plus des
charges mensuelles avoisinant les 2.500 da. Pour le bénéficiaire légal, c'est
une aubaine, car il gagne 4.000 da mois étant donné qu'il verse 8.000 au titre
du loyer.
Selon les professionnels de l'immobilier, des propriétaires, pour des
raisons financières, préfèrent louer leur appartement à prix fort et trouver
une solution de rechange pour tirer le maximum de profit. Il y a également ceux
qui ont investi en achetant des appartements pour les louer. « Ce sont ces
derniers qui sont à l'origine de l'envolée des prix des loyers. Possédant
d'importants moyens financiers, ils sautent sur les meilleures occasions. Ils
retapent les appartements à neuf et les louent avec des conditions très
avantageuses », explique le gérant d'une agence immobilière sise à Maraval.
Une autre catégorie de location prend de l'ampleur et concerne surtout les
anciens quartiers où des « piaules » de 10 à 15 m² sont louées jusqu'à 1.000 DA
mois. Les propriétaires, qualifiés par certains de «marchands de sommeil»,
effectuent ces transactions sans passer par la moindre agence immobilière ni
encore moins le notaire. Pour ce qui est de l'achat, les connaisseurs du marché
s'accordent à dire que ce sont les appartements des nouvelles cités qui sont
les plus chers. Ainsi et à titre comparatif, un «F3» à Yaghmoracen ou à l'USTO
coûte entre 610 et 650 millions de centimes contre «seulement» 450 millions de
centimes aux Lauriers Roses ou Mimosa. En effet, si la surface d'un F3 de la
première catégorie est de 80 m², elle n'est que de 50 pour la seconde. Un F4,
quant à lui, est cédé entre 700 et 750 millions, et un F5, des logements moins
disponibles, est vendu à partir de 900 millions et peut atteindre jusqu'à un
milliard s'il est bien situé. A Oran-Est, plus précisément à Akid Lotfi, un «
F3 » peut être vendu facilement jusqu'à 600 millions de centimes. Ce montant
est appelé à grimper dans les années à venir du fait de l'amélioration du cadre
de vie avec, notamment, des routes goudronnées ou encore la réalisation
d'équipements publics.
Contrat de... confiance
Aux agences immobilières d'Oran, on affirme que pour la location des
logements, plus de 50 % des transactions s'effectuent dans l'informel surtout
pour les offres de la périphérie où les annonces se font de bouche à oreille
aidées par des intermédiaires exerçant dans le noir moyennant parfois des
honoraires négociés en dehors des fourchettes fixées.
Cela se fait sans contrat, juste un «engagement verbal». Dans différentes
localités, un «deux-pièces» est loué jusqu'à 8.000 da, avec des sanitaires
collectifs. Pour une seule pièce, le prix non négociable est de 5.000 da. A
cela s'ajoutent les charges à savoir l'eau, avec un seul robinet dans la cour
du haouch et l'énergie électrique et ce, selon le montant de la facture.
Même dans les sites illicites à l'instar de douar Maroc, à Aïn Beïda, les
baraques de fortune sont souvent louées par leurs ex-occupants qui auraient
bénéficié de logements sociaux. Ici, pour les couples pris à la gorge, le prix
est plus ou moins modéré, 2.000 DA.
L'autre constat relevé par les agents immobiliers est le fait que même si
les opportunités de location sont réelles dans une grande agglomération, les
prix sont inabordables. En revanche, dans les localités avoisinantes, si les
prix sont relativement accessibles, l'offre est minime. A Aïn El-Turck,
Es-Sénia, Misserghine, Gdyel et Arzew, la chasse au logement devient un
parcours du combattant.
L'activité des agences immobilières se retrouve réduite selon un gérant
basé à Aïn El-Turk. « Je n'ai pas eu plus de dix offres par mois, depuis le
début de cette année, contre une cinquantaine entre 2000 et 2002. Même la
demande de location en période estivale a régressé au vu des sommes
faramineuses exigées. Sachant depuis longtemps que les «F4» ou les «F5»
deviennent de plus en plus rares du fait que les professions libérales ont fait
le plein à Oran, un simple studio ou un «F2» peut aussi tourner au cauchemar.
«C'est mon client propriétaire qui impose les conditions», indique le gérant
d'une agence immobilière d'Oran. Résultat : des visites bouclées en 10 minutes
et de grosses sommes versées par ceux qui présentent les meilleurs profils. Les
propriétaires, bien sûr, profitent de cette situation en procédant à des
augmentations périodiques et à chaque fois qu'ils changent d'occupants. Pour
limiter le risque d'impayés, ils durcissent leurs critères de sélection, les
prix s'emballent donc et ceux qui sont à la recherche d'un simple «petit refuge
» doivent payer 10 000 à 25 000 DA par mois. A Oran et ses environs, c'est à
prendre ou à laisser.
Le «roi» commerce
«Vendre un bien est plus facile que d'en acheter. Même la formule
d'échange est en voie d'être délaissée». C'est ce qu'affirme un «expert» des
transactions immobilières en faisant allusion au fait que toutes les grandes
transactions immobilières ont pour but une activité lucrative et des quartiers
autrefois résidentiels se transforment en quelques années en zones
commerçantes. Que de belles villas et autres pavillons ont été rasés pour la
construction en forme cubique avec une série de locaux commerciaux au
rez-de-chaussée. A l'avenue Mekki Khelifa, par exemple, d'anciennes villas ont
été cédées au prix fort, atteignant, pour une surface de 300 m², les 10
milliards de centimes.
A la place, on érige une construction souvent destinée à abriter des
sièges d'entreprises étrangères. Dans cette artère qui a été totalement
métamorphosée avec l'installation d'assureurs et de banques étrangères, en plus
de spécialistes de l'électroménager, des chantiers sont en cours et devront
abriter des activités similaires.
Un peu plus loin, à l'avenue Choupot, devenue un centre de référence,
notamment pour l'habillement. Ici, un local à agencer est loué à raison de 60
000 DA par mois en plus d'une caution à verser comme garantie estimée à un mois
de loyer.
Mais à les entendre parler, ces commerçants estiment que ces loyers sont
raisonnables et puis leur activité est porteuse, et il suffit de deux mois pour
que le loyer d'une année soit amortie. Dans ces quartiers, plus de vente et
même des propriétaires préfèrent suspendre des chambres pour la création de
petits locaux.
Effets secondaires
Toujours selon les professionnels du secteur, certaines mesures prises
par les pouvoirs publics pour rendre plus facile l'accession au logement, soit
par la propriété ou la location, ont eu l'effet inverse. Ceci confirme les
dernières déclarations du Premier ministre au Forum de la télévision en
estimant que des mesures sociales ont été prises sur le dos de la société. Ceci
voulait dire tout simplement que sur le plan de l'application de ces mesures,
les instruments n'étaient pas efficients.
Sinon, comment expliquer que la demande demeure toujours importante en
dépit de la réalisation de milliers de logements. A titre d'exemple, le montant
des aides octroyées par la Caisse nationale du logement (CNL), prévu pour cette
année, a été estimé à 147 milliards de DA alors qu'en 2008, il n'était que de
136.
Ceci s'explique certes par le relèvement de l'aide publique, mais aussi
par un plus grand nombre de bénéficiaires. Entre 1999 et 2008, l'Etat avait
versé 881 milliards de dinars pour le financement du logement. La seconde
mesure est celle de la CNEP et consistant à financer jusqu'à deux années de
loyer au profit des jeunes âgés de moins de 35 ans, a fait que certains
propriétaires ont augmenté substantiellement les loyers, notamment dans les
grands centres urbains.
A Oran, un propriétaire d'un immeuble dira que cette aide publique est
une aubaine pour les propriétaires, du fait que le potentiel locataire n'aura
rien à verser de sa poche et donc négociera moins.
Posté Le : 28/03/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salah C
Source : www.lequotidien-oran.com