6 milliards d’euros transférés à l’étranger
En 2007, 200.000 véhicules neufs, toutes marques confondues, ont été vendus en Algérie, et il est attendu en 2008 la vente de 250.000 autres véhicules. Ces chiffres confirment la croissance du marché algérien de l’automobile qui devrait, dans peu de temps, dépasser le marché sud-africain, actuellement le plus important du continent africain.
Et pour certains observateurs, le volume des ventes devrait atteindre chez nous de nouveaux records dans les prochaines années. Les raisons de ce boom, observé de manière continue et progressive depuis 2004, sont essentiellement les offres de crédits de nos banques nationales et CNEP au départ, relayées par la suite par BNP Paribas, Natixis, Société générale Algérie, Cetelem, Al-Baraka, etc. Indirectement, ce sont les institutions financières publiques qui finançaient le crédit-automobile auprès des concessionnaires, pour ne pas dire que l’Etat algérien finançait les firmes étrangères de l’automobile du fait que les concessionnaires ne sont autres que des intermédiaires, ou des revendeurs, alimentés régulièrement par les firmes-mères, et non pas des importateurs de véhicules comme cela se fait dans le monde entier. En résumé, les firmes importent les véhicules et les commercialisent à travers leurs chaînes respectives de concessionnaires, lesquels bénéficient d’une commission sur chaque véhicule vendu, allant de 30.000 à 50.000 DA selon la marque et le prix du véhicule. Tout un chacun y trouve ainsi son compte. Cependant, les bénéfices réalisés par les firmes sont énormes, et cela au détriment du Trésor public. A titre indicatif, durant les années 2006 et 2007, les sommes transférées en devises ont dépassé les 6 milliards d’euros, soit à peu près 9 milliards de dollars. La vente des pièces détachées n’est pas prise en compte dans cette somme mais, de l’avis de spécialistes, la vente de la pièce détachée pourrait dépasser les 2 milliards de dollars par an.
La taxe fixée dernièrement par le gouvernement trouve sa justification dans cette inadéquation. Il est vrai que le consommateur algérien payera plus cher son véhicule mais, d’après nos sources, sûres et dignes de foi, le gouvernement est sur le point de ficeler de nouveaux textes réglementant ce marché et de nouvelles dispositions pour l’importation de véhicules neufs ou d’occasion. Lors du dernier conseil des ministres, le président de la République n’a pas mâché ses mots pour dire qu’»avec tout cet argent transféré, on aurait pu construire plusieurs usines automobiles en Algérie. Ce qui se passe actuellement dans le marché automobile en Algérie est inadmissible et ne représente pas un investissement mais une dilapidation de nos réserves en devises». Ajoutant: «Comment expliquer qu’une firme construit son usine dans un pays voisin et écoule sa marchandise dans notre pays?», faisant ainsi allusion à Renault qui s’est installée au Maroc alors qu’elle a commercialisé en Algérie 20.000 voitures en 2005, 26.000 en 2006 et 32.670 en 2007, alors que son chiffre d’affaires au Maroc ne dépasse guère le 1/32 de celui réalisé en Algérie.
De l’autre côté, on évoque, certes, la délocalisation de l’usine Renault au Maroc à cause d’une main d’œuvre à bon prix, mais cet argument est loin de convaincre les économistes du fait qu’un euro est échangé à 120 DA en Algérie alors qu’au Maroc le dirham reste encore élevé dans le change bancaire. Par ailleurs, au Maroc, les concessionnaires importent les véhicules pour les revendre ensuite. Dans ce cas, le capital restera maroco-marocain et rien n’est transférable. Dans le cas de l’Algérie, ce sont, rappelons-le à nouveau, les firmes elles-mêmes qui commercialisent leurs véhicules, via les concessionnaires locaux, plutôt les intermédiaires. C’est là toute la différence, tant sur le plan volume des ventes que sur le plan financier.
Depuis son ouverture au marché mondial en 1998, le marché automobile algérien n’a cessé de progresser. En 10 ans, les firmes étrangères ont ainsi réalisé un chiffre d’affaires global de 46,3 milliards de dollars (source ministère des Finances), pièces détachées et véhicules neufs vendus en Algérie. Au point où certains observateurs estiment que, si l’Etat avait importé tous ces véhicules, la facture aurait été beaucoup moins élevée, même si ces firmes payent la TVA et les droits et taxes douanières. En attendant, le marché du futur dans le créneau de l’automobile se dessinera avec la libéralisation de l’importation des véhicules particuliers et utilitaires afin de créer une concurrence dans ce secteur. Il est inadmissible qu’une firme ait le droit d’importer des véhicules et pas un concessionnaire, un éventuel investisseur ou carrément un particulier. Il faut juste réglementer le marché et le diversifier. Cette politique, si elle verra le jour, poussera les firmes à changer de stratégie et, éventuellement, à installer leurs chaînes de montage en Algérie. Cela permettra au moins la création de richesses et d’emplois chez nous.
B. Soufi
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Posté Le : 10/08/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com