Algérie - Galeries d'art

Marché de l’art, Orientalisme



Dans la grande vogue orientaliste qui anime depuis plusieurs années le marché mondial de l’art, les peintures réalisées en Algérie ne sont pas en reste.

Ainsi, les tableaux de Dinet sont arrachés par des collectionneurs et des musées du monde entier, sans que l’Algérie soit présente à ces enchères.Alors que le récent musée Nasreddine Etienne Dinet, créé à Bou Saâda dans la maison du peintre, ne dispose encore que d’une quinzaine d’œuvres, ses tableaux parcourent le monde, signalant leur présence dans les galeries spécialisées, les études de commissaires-priseurs et les grandes maisons de vente aux enchères, telles Sotheby’s ou Drouot. En 2001, l’étude Gros-Delletez avait recueilli une enchère de deux millions de francs pour une huile sur toile de 65x81 cm représentant une vue « aérienne » de Laghouat. En juin 2003, le groupe Trajan avait réussi à vendre à Drouot une toile de Dinet, estimée à 60 000 euros, pour le prix de 100 000 euros. Il s’agissait de Evocation et encens (53x77 cm). En octobre de la même année, Sotheby’s avait mis en vente à Paris la célèbre collection Kahn-Sriber que ce riche amateur d’art avait constituée au XIXe siècle. Environ 170 œuvres estimées totalement à deux millions d’euros. Dans le lot relatif aux peintres qui furent « en contact » avec l’impressionnisme et le naturalisme, Dinet apparaissait en tête du catalogue de vente avec le portrait de sa sœur, Jeanne, réalisé avant sa découverte de l’Algérie. Estimation : jusqu’à 45 000 euros. En mai 2005, l’Espace Tajan avait accueilli une vente exceptionnelle, faisant salle comble. Ce jour-là, un record mondial pour une œuvre de Dinet avait été enregistré avec la vente de Baigneuses dans l’oued, massage qui s’était envolée à près de 304 000 euros. Pas trop loin d’un Picasso (Modèle dans l’Atelier), vendu à la même séance pour 452 000 euros. Au courant 2006, c’est le beau dyptique (œuvre unique sur deux supports) Le départ pour la guerre sainte, destiné à illustrer le livre La vie de Mohammed publié en 1918, a constitué une des pièces maîtresses de la vente Artcurial (21 juin). Cette petite peinture à l’huile (deux fois 30x24 cm) a été estimée à 65 000 euros. Le catalogue a présenté l’œuvre comme « un tournant dans l’orientalisme » en ce sens qu’elle « côtoie une Algérie aussi intime qu’authentique » et représente bien la personnalité du peintre, « Algérien de cœur converti à l’Islam dès 1913 ». A l’issue des enchères, la peinture avait doublé son estimation pour être adjugée à 123 000 euros. Les peintures de Dinet ne sont pas toujours les plus cotées dans le genre orientaliste. Mais elles se situent à des niveaux de demandes toujours élevées et en progression constante. Elles dépassent souvent de beaucoup leurs estimations qui servent de mise à prix aux enchères. L’examen du marché montre qu’en plus de leur qualité intrinsèque, elles bénéficient de l’attrait général de l’orientalisme et particulièrement des œuvres réalisées en Algérie, telles celles de Marie-Aimée Robiquet, Frédérick-Arthur Bridgman, Cherubino Pata… Mais la véritable nouveauté vient bien du côté des acquéreurs. Outre les collectionneurs américains qui confirment leur « orientomania », les Marocains ont fait une entrée remarquée sur le marché de cet art, ainsi que les Egyptiens et les Turcs. En 1996, la mobilisation de l’Etat algérien soutenu par la Banque d’Algérie, Sonatrach et d’autres institutions, avait permis de racheter à Paris des œuvres de Mohamed Racim à l’occasion du centenaire de sa naissance. Mais faut-il attendre une occasion pour enrichir le patrimoine national ? Le musée Dinet de Bou Saâda a besoin d’une collection plus étoffée ainsi que le Musée national des beaux-arts, etc. Un musée d’art contemporain va voir le jour, un musée de la miniature aussi. Avec quoi les remplirons-nous, en dehors des réserves existantes ? Les budgets d’acquisition des œuvres d’art doivent être sérieusement renforcés et permettre une participation dynamique de l’Algérie aux ventes de par le monde. Pour quelques infimes « gouttes » de nos immenses réserves de changes, quelles valeurs pourrions-nous ainsi engranger, sans crainte de dévaluation !


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