Algérie

Marché à la baguette



Marché à la baguette
Le prix de la baguette de pain. Voilà un sujet qui en a fait du bruit durant ces derniers mois. Les boulangers, après une pseudo grève générale, sont parvenus à arracher, faute de l'augmentation du prix de la baguette qu'ils revendiquent, la désignation d'une commission nationale pour évaluer le coût de fabrication du pain et dégager des propositions qui satisferont les boulangers, sans nuire au consommateur. Ménager choux et chèvre, autrement dit. Les boulangers réclament une marge bénéficiaire d'au moins 20% au lieu des 3% qu'ils disent avoir actuellement. Mais l'Etat entend maintenir le prix de la baguette qu'il subventionne à 7,5 dinars pour le pain normal et 8,5 dinars pour le pain amélioré. Aussi, la commission a-t-elle suggéré la réévaluation du soutien des matières premières et intrants utilisés dans la confection du pain ainsi que les charges d'électricité et de main-d''uvre, etc. En fait, cette histoire de prix du pain rognant les bénéfices des boulangers n'est qu'une arnaque monumentale. La baguette est depuis longtemps cédée à 10 dinars pour le pain normal et 12 à 15, voire plus, pour le pain prétendument amélioré. D'ailleurs, il y a belle lurette que les pièces de 50 centimes et consort ont disparues. La petite monnaie n'a plus cours, messieurs les gouvernants. L'unité monétaire n'est même plus le dinar mais 10 dinars. Les boulangers ont d'autres astuces pour diminuer les coûts comme la diminution de la quantité de farine, l'utilisation de sel non iodé et bien d'autres entourloupes. Au final, les 20% qu'ils revendiquent, ils les ont déjà. Ils veulent plus, et avec la bénédiction de l'Etat qui, au lieu d'imposer l'ordre, préfère lâcher encore du lest et leur accorder d'autres aides. De deux choses l'une, ou les responsables ne connaissent pas les réalités du pays qu'ils dirigent, et ça serait grave et inadmissible, ou ils sont au courant de tout, mais préfèrent mettre la main à nos poches pour acheter la paix, aux frais du contribuable, et là c'est criminel et impardonnable. Mais dans un cas comme dans l'autre, c'est le consommateur qui trinquera. Il a déjà commencé. La baguette de pain n'est que l'arbre qui cache la forêt. C'est en fait une véritable jungle, avec sa loi qui n'intègre ni les règles de la commercialité ni les textes décrétés par l'Etat algérien. Le marché n'obéit qu'aux spéculateurs et autres intermédiaires qui fixent les prix de tous les produits, surtout ceux de large consommation. L'Etat a beau mettre en place des systèmes de régulation et des mécanismes d'approvisionnement pour garantir la disponibilité de tel produit ou tel légume, rien n'y fait. Le problème n'est pas dans le manque mais dans la régulation et le contrôle du marché et des circuits de distribution. L'Etat devrait savoir que ce n'est pas en noyant un marché déstructuré de viande et de légumes qu'il fera baisser leurs prix, car le surplus est tout de suite retiré et stocké par les spéculateurs. L'Etat n'a pas vocation de commercer, mais de réguler, ce qu'il devrait faire.


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