Algérie

Marchands ambulants de bric-à-brac : L'antichambre de la brocante



Marchands ambulants de bric-à-brac : L'antichambre de la brocante
Photo : Slimene S.A. Ils ont résisté à l'air du temps, à la sophistication des modes d'achat et de vente et'. Ils, ce sont les marchands ambulants du bric-à-brac toujours présents dans les cités ou sillonnant rues et ruelles à la recherche de tout ce dont les ménagères veulent se débarrasser : chaises, téléviseurs, réfrigérateurs, thermos, souliers, cadres' Dans la matinée d’hier, ils étaient trois jeunes hommes à parcourir les rues de Tanger, Abane Ramdane et Nafâa Haffaf à Alger Centre en hélant avec leur voix aigue si particulière les habitants. «Marchands de meubles anciens, achètez tout ce dont vous voulez vous débarrasser». Tôt le matin, Badredine, natif de Sour El-Ghozlane, Mohamed de Meftah et Moussa d’El-Harrach se relayent pour collecter les «trouvailles». Leurs prix d’achat sont toujours dérisoires. Pour une armoire avec une seule porte, une grande glace et un grand tiroir, ils offrent entre 400 et 500 dinars. Un aspirateur en panne est acheté à 200 dinars. Fettouma, habitant la rue de Tanger, est heureuse de s’être débarrassée d’une vieille commode, d’un tabouret et d’un chariot à roulettes avec siège. Le tout a été cédé à 500 dinars. Et si pour Fettouma c’est mieux que de les jeter dans la décharge, pour Badredine, c’est une aubaine qui lui permet de gagner quelques dinars en plus et de les envoyer à sa famille à Sour El-Ghozlane. Cette marchandise achetée à bas prix sera revendue à Oued Kniss (Ruisseau). Une allée spécialisée dans l’achat et la vente du bric-à-brac. Mais, selon Badredine, il a été décidé de fermer tous ces commerces qui s’y trouvent pour des travaux d’utilité publique. Une éventualité qui taraude l’esprit de ce marchand, lui qui s’est habitué depuis des années à écouler sa marchandise dans ce lieu. D’autant que l’autre lieu de revente  se trouve à Hammadi dans la wilaya de Boumerdès.  Bien que ce soit loin, les trois marchands sont résolus à y faire avec car «il n’y a pas d’autres solutions». Dans le métier de marchands d’occas, il y a de la satisfaction mais aussi beaucoup de regrets. Mohamed raconte qu’un jour, une ménagère s’est débarrassée d’un vieux lustre. Lorsqu’il l’a revendu à Oued Kniss, l’acheteur a découvert qu’il était en cristal. Il a suffi d’un chiffon imbibé d’un produit spécial pour s’apercevoir de la merveille. La mort dans l’âme, Mohamed s’est dit qu’un pactole lui est passé sous le nez. Une autre fois, une chaise incrustée de nacre mais avec quatre pieds cassés et rongés par les mites a été jetée dans la niche à ordure. «Je passais par hasard et je l’ai récupérée», a-t-il précisé. «Je l’ai vendue à 100 dinars. Mais une fois retapée et astiquée, un antiquaire à Oued Kniss l’a cédée à un amateur de ce genre d’art pour la somme de 1500 dinars». Badredine, Mohamed et Moussa ne sont pas à l’abri d’agressions et de vols. Ils travaillent ensemble depuis quelques années juste pour s’entraider et compter l’un sur l’autre en cas de soucis. Moussa raconte qu’une fois, un petit garçon l’a appelé et l’a fait entrer dans une maison pour récupérer des meubles. Mais une fois à l’intérieur, deux gaillards l’attendaient pour le molester et lui subtiliser son argent. Il a dû son salut à la porte d’entrée restée ouverte. «On accomplit notre travail souvent dans des conditions difficiles mais c’est mieux que de rester à ne rien faire», précise Badredine. «Que voulez-vous, il faut bien gagner son pain quotidien, faute de formation professionnelle ou un travail stable dans une entreprise», fera remarquer à son tour Mohamed qui pense, déjà, aux aléas du transport lorsqu’il écoulera sa marchandise à Boumerdès.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)