Algérie

Mar Adentro donne le ton


Le coup d'envoi du festival du film européen a été donné mercredi dernier, à la salle Ibn Zeydoun. Au programme de la soirée, un court métrage autrichien de 12 minutes, Copy Shop, de Virgil Widrich et le film Mar Adentro, d'Alejandro Amenabar, un génie du cinéma espagnol. Dès le début de la projection, le public, nombreux et principalement constitué d'ambassadeurs et de diplomates, s'est senti terrassé par la magie du cinéma. Pour commencer, Copy Shop a reçu plus de 30 prix et une nomination à l'oscar en 2001 : dans un univers kafkaïen, un employé chargé des photocopies est victime de la machine, étant lui-même dupliqué à l'infini, jusqu'à ce qu'ils remplissent le monde entier de ses « duplicata » ! Un film qui, d'ailleurs, résume parfaitement le cinéma de Virgil Widrich où reproduction est synonyme d'absurde. Ce réalisateur est l'un des héritiers de l'avant-garde autrichienne et de son incontournable riche tradition de retraitement critique et plastique d'images préexistantes. Inspiré par l'imagerie cinématographique populaire, le travail de ce réalisateur mêle et entremêle fiction et expérimentation, collage et pixillation (animation image par image), en faisant passer et repasser les images au tamis, déformant leurs supports et leurs formats de différentes techniques. Quant au long métrage, que dire si ce n'est qu'Amenabar est toujours aussi surprenant que dans ses précédents films. Toujours aussi talentueux avec sa façon d'orienter la caméra, de choisir ses prises de vue avec minutie pour pondre un chef-d''uvre. Inutile de trop s'attarder sur le thème, parce qu'il traite de l'euthanasie comme de n'importe quel sujet. D'ailleurs, à sa sortie, en 2005, il n'a pas provoqué de débat sur ce plan, d'autant que Million Dollar Baby, de Clint Eastwood est sorti à la même période et avec le même thème en toile de fond. C'est que, au-delà de l'émotion et des questionnements que peut susciter l'euthanasie, dans ce film en particulier, l''il du spectateur s'accroche à d'autres éléments qui ne sont pas en rapport avec cette histoire vraie. D'abord, la caméra. Les zooms avant - ultrarapides - lorsque Ramon s'évade de sa réalité. Son mouvement surprenant qui survient derrière la tête de l'avocate - belle, handicapée et amoureuse de Ramon - pour exprimer la surprise ou le suspense... Le dialogue aussi. L'humour qui succède aux nombreuses phrases chargées de chagrin et de lassitude. Javier Bardem, comme à son habitude, est excellent, sobre et complètement transformé pour le rôle. Le tout sur un fond musical exceptionnel. La bande originale a été composée par Amenabar himself, avec la collaboration de Carlos Nùñez. Donc, cornemuse et violon pour illustrer la Galice et ses magnifiques paysages. Sons aquatiques, mélancoliques qui illustrent aussi la tristesse contenue que ressent le spectateur. Tristesse qui « éclate » lorsque Ramon fait ses adieux à ses proches. Mais pour reprendre le commentaire du Figaroscope lors de sa sortie, « Mar Adentro n'est pas un film mortifère, voilà que, très paradoxalement, il donne une formidable envie de vivre ».


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