Algérie

Maoussem culturels populaires en Algérie: Un legs ancestral à préserver



Les participants à une journée d’étude sur les rôles et les significations des Maoussem (saisons) culturels populaires en Algérie, organisée mardi à Oran par l’association religieuse de la Tarika Taïbia en Algérie, ont mis en exergue les rôles positifs des Maoussem culturels populaires dans le pays à travers les âges.
«Les Maoussem culturels populaires en Algérie, appelés également Ouaâdates, en tant que legs immatériel, ont joué au début des 15e et 16e siècles des rôles importants dans la société algérienne, notamment en mobilisant les citoyens pour la libération de leurs régions du colonialisme, au début des agressions européennes sur les côtes algériennes, faisant suite à la chute de Grenade en Andalousie, jusqu’au colonialisme français», a indiqué l’universitaire Boumediene Bouzid lors des travaux de cette rencontre abritée par la mosquée pôle Abdelhamid-Ibn-Badis d’Oran et organisée par l’association de la tarika Taibia en collaboration avec le Laboratoire des études en communication de l’université de Mostaganem.
Le conférencier a noté «le grand rôle joué par les Zaouias en tant qu’institutions religieuses éducatives dans la prise en charge des moudjahidine, lors des agressions des envahisseurs sur les côtes algériennes à cette époque». Il a ajouté que ce rôle s’est manifesté à travers la prise en charge, par les responsables de la zaouia de la région de Medjadja dans la wilaya de Chlef, des moudjahidine participant à la libération de la zone côtière de Tenès, dans la même wilaya, au même titre que la résistance de Cheikh Bouâmama aux colonialistes français, l’un des descendants de Sidi Cheikh, le fondateur de l’ordre Cheikhiya, dans la région de Labiodh Sidi Cheikh et dans le sud-ouest de l’Algérie. Par ailleurs, M. Boumediene a mis l’accent sur le «grand rôle social et économique joué par les Maoussem culturels populaires (Ouaâdates) en nourrissant les pauvres, en résolvant les différends et en apportant de la joie dans les cœurs de la population, sans oublier la préservation du patrimoine algérien à travers l’habit, les moyens et les pratiques, menacés d’extinction à cette époque».
Pour sa part, le cheikh de la Tarika Taïbia en Algérie, Moulay Hassan Cherif El Ouazzani, a affirmé que «les Maoussem culturels populaires, en tant que patrimoine immatériel, sont un phénomène social qui a son prolongement historique dans l’identité culturelle de la société algérienne et prend sa légitimité dans les considérations sociales et culturelles qui ont leurs valeurs, leur symbolisme et leurs connotations sociales et qui ont fait adhérer la société et la maintiennent comme expression de son originalité».
Selon le cheikh de la confrérie Taibia, ces Maoussem jouent «des rôles importants dans le renforcement des liens sociaux et la consolidation des valeurs de coopération et de solidarité entre les membres de la société et sont un phénomène de la diversité culturelle qui aident certains à en chercher les caractéristiques et les significations».
Halima Moulay, enseignante-chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) d’Oran, a souligné, pour sa part, que «la ouaâda, comme pratique sociale, culturelle et religieuse, remplit des fonctions sociales, culturelles et économiques et sert l’Etat et la société en renforçant le lien entre les membres de la société, et ce, grâce à la possibilité pour les citoyens de se rencontrer et de communiquer entre eux et de régler les désaccords et les tensions auxquels ils font face, en créant de la joie et du plaisir».



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