Algérie

Mao n'est pas (totalement) mort



Des cours de politique obligatoires enseignent les théories du grand timonier à tous les étudiants chinois, des nostalgiques se réunissent pour déclamer les chants de la révolution culturelle : l'ombre de Mao Zedong n'est pas effacée.

 Les élèves sont affalés sur leur bureau. Même à travers la fenêtre, l'ennui semble suinter de ce cours. «Quelle barbe ce cours de politique», s'exclame un des étudiants à la sortie de la salle. «Et dire qu'il va maintenant falloir écrire une dissertation sur les pensées de Mao Zedong...» Les années passent mais cette tradition n'a pas changé : les élèves de collèges et de lycées comme les étudiants d'université reçoivent des cours hebdomadaires de politique. Leurs professeurs leur enseignent d'un côté l'histoire du parti communiste et ses grands théoriciens - la pensée de Mao Zedong, la théorie de Deng Xiaoping et la théorie des trois représentativités de Jiang Zemin -, de l'autre l'étude des textes de philosophie marxiste. «Apprendre les pensées du président Mao ne signifie pourtant plus rien pour nous», assure un étudiant de 22 ans.

 «Le pays et la société ont tellement évolué qu'elles ne collent plus du tout à la réalité. Ces manuels sont donc totalement dépassés». Pourtant, aussi bien à l'école qu'à l'université, il n'est pas question de sécher la classe car des examens viendront sanctionner les mauvais élèves à la fin de l'année. Si les professeurs ne réclament des plus jeunes qu'un apprentissage par coeur - apprentissage qui laisse des traces indélébiles dans l'esprit de ces élèves et assure un formatage très efficace -, l'université demande parfois de l'analyse.

 La critique n'est d'ailleurs pas rejetée tant qu'elle demeure construite et ne remet pas en cause le parti. «Mais critiquer Mao n'est pas un enjeu pour eux car il ne représente plus grand-chose de concret», explique un élève européen qui a participé à ces cours.

 Malgré les révélations sur la dictature de l'ancien président chinois, son image n'est en effet pas aussi ternie en Chine qu'en Occident. «Après la mort de Mao, de longs débats ont fait rage pour savoir s'il fallait suivre l'exemple soviétique de la déstalinisation», analyse un observateur étranger qui préfère rester anonyme en cette période tendue. «Ils ont été réglés par l'expression «70 % de choses positives, 30 % d'erreurs», qui a donc permis aux victimes des trente ans de Maoïsme de laisser entendre leur colère sans pour autant opérer de démaoïsation. Il demeure donc dans l'esprit de beaucoup un grand leader et le héros national qui a uni la Chine».

 Le parc de la colline de charbon, collée au nord de la place Tian An Men, transpire le week-end de ces relents nostalgiques. Des centaines de Pékinois nés sous le règne du grand timonier forment des chorales plus ou moins improvisées pour déclamer les chants de l'époque. Un sourire béat incrusté dans leur visage, ils s'entraînent sur ces grandes envolées lyriques au ton révolutionnaire. L'ombre de Mao Zedong plane décidément toujours sur la Chine.




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