Algérie

MANSOURAH



MANSOURAH
MANSOURAH


Le nom signifie "la Victorieuse". Depuis des siècles Mansourah est synonyme de ruines et cependant Histoire et Légendes l'ont rendu célèbre.
A l'origine, ce fut un camp : El Mahalla el Mansorah (le camp victorieux), celui du Sultan mérinide de Fez, Abou Yacoub Youssof, venu en 1299, assiéger Tlemcen, objet de ses convoi¬tises. Ce siège, qui dura huit ans, donna naissance à une véri¬table ville de cent hectares, avec son palais, ses caravansérails, sa mosquée. Tlemcen subit donc ce blocus et cette guerre fit plus de 120 000 victimes dans les deux camps.
Après l'assassinat du sultan de Fez, son petit-fils, pressé de retourner dans sa capita¬le, fit la paix avec Tlemcen. Ce fut le premier siège, "lutte pleine d'émou¬vantes péripéties, lutte qui rappelle les temps antiques et fait songer aux héros d'Homère" (Brosselard, in Inscriptions arabes).
Les grandes épopées font naître les légendes et quelques-unes sont arri¬vées jusqu'à nous, mieux enregistrées par notre mémoire que l'histoire elle-même, comme celle de l'architecte juif qui se jeta du haut du minaret. L'historien Ibn Khaldoun a rapporté les malheurs des habitants de Tlemcen durant cette période du blocus où ils durent man¬ger cadavres, chats, rats et serpents.
Devant cette décadence imposée à la capitale du Royaume de Tlemcen, c'est le camp des assié¬geants qui devint le lieu où se rendaient les ambassades étrangères et les commerçants de tous pays.
Les Mérinides revinrent à nouveau et un second siège provo¬qua la prise de Tlemcen par Abou el Hassan pour une nouvel¬le occupation de onze ans. Cette fois le Sultan mérinide régna dans la ville, mais profitant de la défaite de ce dernier en Tunisie, un Sultan abdelwadite reprit la ville en 1348.
En 1352, nouvelle occupation pour sept ans : Abou Inan, fils d'Abou el Hassan, enlevait de nouveau la capitale.
De toutes ces guerres, il ne resta que des ruines sur un immen¬se quadrilatère plus grand que Tlemcen enserrée dans les rem¬parts français.
A cinq-cents mètres de là, dès janvier 1849, un centre de colo¬nisation fut créé. Le décret portant érection du village est daté du 6 mai 1850. Trente-sept premiers colons s'y ins¬tallèrent : ils se mirent à cultiver leur lot et à construire leur maison. Ce village appartint désormais à la commune de Tlemcen où un adjoint-spécial représen¬tait le maire.
Les premiers titulaires de cette charge furent Jean Bedoin, en 1854, puis Isoard, mort assassiné dans ses champs, l'avo¬cat Végnier, puis Marty. Un autre Jean Bedoin sera adjoint-spécial pen¬dant trente ans, jusqu'en 1925. On retrouvera plus tard, comme descen¬dants des premiers colons, à la tête de cette fonction, les noms d'Aventin et Lichten¬stein.
La population totale, dans ces premières années, tournait autour d'une centaine de per¬sonnes. Mais prétextant
la proximité de Tlemcen, l'Administration n'ouvrit jamais d'école et on ne construisit pas d'église catholique.
Les cultures commencèrent à produire des fruits ; les terrains n'étaient pas très favorables au développement des céréales, mais par contre, la vigne produisit un vin de qualité renommé dans toute l'Algérie. De magnifiques champs d'oliviers vinrent entourer le périmètre des ruines. Des essais de culture du coton et du tabac furent tentés, mais sans résultats.
Mansourah se développa et sa population atteignit, dans les années trente, près de deux mille personnes avec ses annexes indigènes. Le vin a fait la réputation de ce village, mais aussi les cerises dont la fête donnait lieu, chaque année au prin¬temps, à de grandes réjouissances régionales.
En terminant, nous ne pouvons pas ne pas entendre cet hom¬mage de Sallefranque à Mansourah : "Magnifique et isolé au milieu des vignes et des oliviers, le minaret de Mansourah semble crier au ciel l'affirmation de l'Unité divine. Peu lui importe le voisi¬nage des colons chrétiens ou des placides fellahs qui commencent à vendanger les raisins".



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