« La musique est plus forte que le défaitisme »
Agrippé à sa contrebasse, Mansour Bennourine est déjà profondément immergé par les multiples mélodies qu?il tire substantiellement de cet instrument à la taille envahissante. Cet instrument qu?il dit chérir par-dessous tout, il l?a rencontré bien tardivement pourtant. Histoire d?une complicité qui confine à l?hypnose mutuellement consentie. Comment le jeune Mansour, fils de Tigditt, a pris le chemin de la musique andalouse ? C?est dès l?âge de 6 ans que j?ai commencé à courtiser un vieux bidon d?huile sur lequel j?avais tendu 4 fils. Les premières notes seront rapidement suivies d?autres morceaux hétéroclites que je composais instinctivement. Qui sont tes précurseurs, ceux sur qui tu prenais exemple ? A cet époque, au quartier de la Zaouia, il y avait le regretté Benkaabouch, Cheikh Ali Benkoula, plus tard Cheikh Maamar et Kherbab qui débutaient dans le Chaabi. Oui mais quand s?est faite la rencontre avec l?Andalous ? Après plusieurs années, j?avais 20 ans et c?était les années 80. J?avais un camarade de classe qui est le jeune frère du chanteur Abdelkader Ghoulamallah, c?est lui qui remarqua mon aptitude à jouer de tous les instruments. Rentrer à 20 ans au Nadi ce n?est un peu tard ? Oui mais comme j?avais une longue expérience dans la pratique musicale, il ne me manquais que les rudiments de base. Surtout le travail avec une troupe bien soudée et très chevronnée. Mais vous deviez passer par les classes d?initiation ? Non ! A ma grande surprise je fus immédiatement intégré à la classe supérieure. Pour jouer de quel instrument ? Le grand cheikh Moulay Benkrizy que nous vénérons tous, me confia d?abord la mandoline où j?excellais. Ensuite, très rapidement je devenais luthiste. Il faut savoir que durant ma jeunesse j?avais joué de tous les instruments. C?est pourquoi je n?avais aucune difficulté à m?intégrer à la troupe. (?) Ce n?est pas banal lorsque le grand maître du Malouf, Hadj Med Tahar Fergani, en présence de Djaoued Fasla, vient à la fin de la soirée me demander depuis quand je jouais de la contrebasse. Et alors ? Lorsque je lui ai dit que j?avais seulement 15 jours de pratique, il fera part de son grand étonnement. Il a fallu que Moulay lui apporte la confirmation. C?est alors que j?eus droit à ses félicitations et à une longue accolade. C?était pour moi la véritable consécration. L?avenir de l?andalous ? Pour moi la musique est un monde à part. Même si l?ambiance est à la morosité, s?il y a de moins en moins de manifestation, la musique est plus forte que le défaitisme. J?ai la faiblesse de faire partie de ceux pour qui la musique andalouse est le meilleur antidote contre l?amnésie et l?abrutissement. C?est mon horloge interne qui rythme toute mon existence et qui lui donne couleurs et sonorités.
certes la mélomanie a ete toujours omniprésente dans notre famille .les instruments de musique font partie de notre mobilier depuis belle lurette ,cela pour dire que mansour a grandi parmi les sons sans toutefois explorer leur science c'est à dire le solfège de façon plus approfondie
bennourine belkacem - professeur d'éducation musicale - mostaganem
17/09/2009 - 4207
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Posté Le : 25/04/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yacine Alim
Source : www.elwatan.com