Algérie

Manquement au devoir



C'est un scandale qu'une figure emblématique de la Révolution, Djamila Bouhired, condamnée à mort en 1957 par le tribunal militaire d'Alger pour attentats à la bombe, n'ait pu recevoir des autorités de l'Algérie indépendante tout le soutien nécessaire pour vivre dans la décence et faire face à ses ennuis de santé. Si cette grande dame, mondialement connue, a été contrainte à recourir à la presse pour interpeller les autorités et crier sa colère sur ce manquement au devoir, c'est qu'elle a trouvé leurs portes fermées ou n'a rencontré aucune oreille réellement attentive. Hier, aucun responsable politique n'a daigné réagir alors même que des centaines de citoyens ont spontanément exprimé leur émotion et proposé leur soutien. Pourtant, nombre d'anciens moudjahidine malades ont pu, ces dernières années, bénéficier de prises en charge à l'étranger lesquelles ont été élargies à des responsables politiques et militaires et à des figures connues de la société civile. Une seule explication dans l'exclusion ou l'oubli de Djamila Bouhired : femme d'une très grande discrétion, elle n'a pas pris comme habitude de fréquenter avec assiduité les cercles du pouvoir. Femme d'honneur, elle a toujours répugné à se mettre dans la position de quémandeuse, y compris pour son dû.A travers ce cas douloureux, c'est toute la politique de l'Etat à l'égard des moudjahidine qui est posée : la collectivité nationale débloque pour eux le troisième budget de l'Etat, un sacrifice qui serait naturel si cet argent allait réellement, dans la transparence et l'égalité, à tous ceux qui ont réellement contribué à libérer le pays. Par contre, le sacrifice serait dévoyé si des moudjahidine, des veuves ou leurs enfants étaient oubliés ou devaient se contenter d'une pension de misère, ce qui semble être le cas. Si une dame de la stature de Djamila Bouhired a pu être lésée, que dire alors de tous ces anonymes dans le pays qui, de surcroît, n'ont aucune chance de voir leur cas médiatisé ' Mais le pire réside dans la spoliation, dans ces faux moudjahidine qui ont pu se faufiler entre les mailles de l'administration ou réussi à bénéficier de complicités. Enfin, autre scandale : il y a ceux qui, vrais ou faux moudjahidine, depuis l'indépendance, ont amassé de considérables fortunes non par leur labeur, ce qui aurait été légitime, mais en arrivant à se placer dans le camp des puissants du pouvoir. Ces lourds dossiers sont les secrets de la République.


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