Algérie

Manoeuvre politicienne ou nécessaire échange ?



Le chef de l'Etat réunira ce samedi dans la capitale prèsde 2.000 présidents d'Assemblée populaire communale et de wilaya. Annoncée parle ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales à l'occasion de laclôture de la session parlementaire, la nouvelle a soulevé étonnement etinterrogations. L'étonnement est compréhensible, dans la mesure où le pays n'aplus connu un événement de ce genre après qu'il eut été mis fin, au début desannées 80, à la rencontre annuelle des élus locaux instituée par feu leprésident Houari Boumediène.

Quant aux interrogations, elles sont légitimes à partir dumoment où le chef de l'Etat a attendu les derniers mois de son second mandatpour ressentir la nécessité de réunir les élus locaux. Il n'est certes jamais trop tard pour bien faire. Mais le timing prêteinévitablement à une lecture politique de l'événement. Ce dont le FFS, qui adonné l'instruction à ses élus locaux de boycotter la rencontre, ne s'est pasprivé. Le premier secrétaire de cette formation, Karim Tabbou,a en effet qualifié cette rencontre de «manoeuvre politicienne», en estimantqu'elle va être «exploitée par le régime en quête de légitimité pour annoncerla révision de la Constitution». Officiellement, la rencontre de samedimarquera, comme indiqué par le ministre de l'Intérieur, la clôture de lasession de formation dont ont bénéficié 1.514 présidents d'APCainsi que d'autres corps des collectivités locales.

Si, comme l'en soupçonne le premier secrétaire du FFS, Bouteflika s'est ménagé la rencontre de samedi avec lesédiles locaux pour annoncer l'échéance de la révision de la Constitution, ilest attendu également qu'il leur dévoile les dispositions du découpageadministratif dont le principe a été retenu. Des sources officieuses prêtentégalement au Président la volonté d'écouter les éluslocaux, étant renseigné que le moral et la motivation sont au plus bas dans cemilieu. Fustigés par leurs tutelles administratives soit pour incompétence, soitpour ne pas toujours réaliser à temps les projets en chantier dans leurscommunes, vilipendés par leurs populations pour ne pas avoir répondu à «leursattentes», les élus locaux considèrent non sans raison qu'ils sont à la foisles «boucs émissaires» des dysfonctionnements de l'appareil administratif del'Etat et la «cible facile» des citoyens.

Si le Président décide effectivement de les entendre samedi,leur première doléance concernera ce «manque de considération» dont ils s'estimentvictimes et que les plus hauts responsables de l'Etat sont souvent les premiersà leur manifester.

Que le chef de l'Etat n'ait consenti à les rencontrer qu'àla fin de son second mandat et alors que se rapproche l'échéance de l'électionprésidentielle, tend à prouver qu'en finalité, les élus locaux n'ont d'intérêtque parce qu'ils sont des relais électoraux dont on veut utiliser les services.




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