Algérie

Manipulations tendancieuses en France autour de l'histoire coloniale en Algérie Déplorant les libertés prises avec le récit historique, un chercheur français soutient



Manipulations tendancieuses en France autour de l'histoire coloniale en Algérie                                    Déplorant les libertés prises avec le récit historique, un chercheur français soutient
Les guerres mémorielles autour de l'Algérie coloniale ont donné lieu à «des manipulations tendancieuses du récit historique en France», a indiqué le chercheur français, Eric Savarese, lors d'une conférence donnée dans le cadre du colloque international «1962, un monde», ouvert dimanche à Oran. «Cela fait partie des nouvelles politiques de la mémoire où des élus essaient de faire modifier le champ politique à leur profit», a affirmé M. Savarese, qui est professeur de sciences politiques à l'université de Nice. Les mobilisations politiques, a-t-il observé, cherchent à transformer des groupes d'individus épars (anciens rapatriés) en un groupe homogène, produisant un discours d'homogénéisation attestant que, finalement, «les pieds-noirs auraient aujourd'hui une existence entamée depuis le début de la colonisation». Le conférencier a déploré, dans ce contexte, cette liberté prise avec le récit historique dans le but de faire accroire
que «les pieds-noirs seraient un peuple de pionniers bâtisseurs qui auraient créé l'Algérie». Il a estimé à cet égard que «les Français d'Algérie ne reflètent pas la réalité sociologique de l'Algérie», sachant, a-t-il rappelé, que «80% d'entre eux n'étaient pas des paysans puisqu'ils vivaient plutôt dans les grandes villes». M. Savarese a déploré en outre d'autres initiatives prises en France, qui relèvent d'un
processus qu'il a qualifié d'«amnésie libératrice», en évoquant notamment «la promulgation de la loi du 23 février 2005 indemnisant les anciens activistes de l'OAS» et «la construction de monuments glorifiant la colonisation». Il a jugé, toutefois, que ces nouvelles politiques de la mémoire constituent des indicateurs de la plupart des transformations des rapports de force au sein de la droite républicaine, relevant à ce titre que la loi du 23 février 2005 a été votée par 14 députés, essentiellement issus du sud de la France où les rapatriés sont implantés et qui essaient de «subvertir» les règles du champ politique à leur profit. «L'histoire coloniale ne peut s'écrire indépendamment des interactions entre les individus, on ne peut faire comme si une population n'existait pas et que l'autre avait tout créé», a indiqué M. Savares, qui a fait valoir, en substance, sa nouvelle approche dans le champ de la recherche. Ce travail, a-t-il précisé, doit être axé sur «les rencontres postcoloniales», à savoir entre les «groupes d'individus qui se construisent dans les anciennes métropoles dans le cadre de leur participation aux guerres des mémoires algériennes et des élus ou des représentants qui essaient de faire modifier le champ politique à leur profit en s'appropriant un certain nombre de leurs discours». Le colloque international «1962, un monde» se tient jusqu'à mardi prochain au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle d'Oran (Crasc), avec la participation de nombreux historiens et chercheurs, venus de différents continents. La directrice du Crasc, Mme Nouria Benghabrit Remaoun, qui préside les travaux de cette rencontre, avait mis l'accent, dans son discours inaugural, sur «la contribution des participants à l'analyse scientifique et objective du
processus de décolonisation dans le monde».
APS


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