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manifestations généralisées en Tunisie



manifestations généralisées en Tunisie
La tension sociale est à son paroxysme en Tunisie avec plusieurs corporations en colère contre le gouvernement et des manifestationsde colère généralisées sur fond de contexte politique délicat.Les agriculteurs tunisiens refusent les augmentations démesurées des vignettes de leurs camions. Ils bloquent désormais les routes. «Nous n'allons pas voler pour payer», se lamente Salah, l'un des manifestants qui ont fermé la recette des finances de Kasserine. «Avant, je payais 64 dinars, ils me demandent aujourd'hui 530 dinars», ajoute-t-il en colère. Son voisin Ali précise que «cette taxe sur les camions à usage agricole était de 320 dinars, payables en deux tranches semestrielles. Il ne suffit pas qu'elle soit passée à 560 dinars, l'Etat exige son paiement en une seule tranche. Ce n'est pas normal», déplore-t-il.Cette décision a provoqué une vague de colère qui s'est rapidement propagée à travers la République. Des routes ont été coupées à l'entrée de plusieurs villes par des camionneurs en sit-in : Tunis-Bizerte ; Sfax-Gabès ; Sidi Bouzid-Sfax ; Kairouan-Gafsa ; Gafsa-Tozeur ; Le Kef-Tajerouine ; Nabeul-Beni Khalled et la liste est encore longue. Les manifestants refusent de payer ces impôts et menacent de bloquer la circulation à travers le pays. L'Union nationale de l'agriculture et de la pêche (UNAP), présidée pourtant par un Nahdhaoui, Abdelmagid Zar, demande l'annulation de l'article 66 de la loi de finances 2014, qui a institué cette augmentation. L'UNAP a demandé aux agriculteurs de manifester devant les sièges des gouvernorats. La corporation a bénéficié de l'air de liberté ayant soufflé sur le pays depuis le 14 janvier 2011 pour oser crier sa colère contre cette augmentation «injuste».Routes bloquéesLe gouvernement est désormais dans de beaux draps, surtout que ces protestations surviennent alors que le pays traverse une grave crise sur le double plan économique et politique avec une Constitution en phase d'adoption et un gouvernement sur le départ. L'incidence de l'échec de la politique gouvernementale est double si l'on sait que les médecins de la santé publique et les juges sont également en colère. Le futur chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, sait donc déjà à quoi s'en tenir.Médecins en sit-inLes médecins de la santé publique poursuivent depuis plus d'un mois un bras de fer avec le ministre de la Santé à propos d'une loi qui les oblige à travailler trois années à l'intérieur de la République à la fin de leur résidanat. Laquelle loi a été refusée par tous les syndicats de la corporation et tous les conseils scientifiques des facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire. «Nous ne sommes pas contre le travail à l'intérieur de la République, mais nous sommes pour une solution concertée de la problématique de mise à niveau de la santé publique», répliquent-ils au ministre.«Cela ne sert à rien d'affecter des médecins spécialistes dans des centres de soins de base pour orienter les malades vers des centres hospitalo-universitaires. Il faudrait plutôt mettre à niveau toute la prise en charge des patients», expliquent les intervenants dans le secteur de la santé publique qui accusent le ministre de la Santé, Abdelatif Mekki, d'être derrière la complication de la situation dans le secteur, notamment sur le plan des relations entre l'administration et les corporations professionnelles.Les médecins sont descendus hier dans les rues de Tunis, Sousse, Monastir et Sfax. Ils étaient des milliers à faire partie du sit-in, organisé hier, devant l'Assemblée nationale constituante pour réclamer la non-adoption du projet de loi proposé par le ministre. Un bras de fer qui est venu au mauvais moment pour la Tunisie. Pour leur part, les juges ont entamé hier une grève de trois jours pour contester l'intervention du pouvoir exécutif dans les prérogatives de l'instance supérieure de la magistrature et réclamer un texte clair prônant l'indépendance de la justice dans la nouvelle Constitution. Les juges menacent de lancer une grève ouverte si leurs revendications ne sont pas satisfaites.Laârayedh sur le départAlors que la Tunisie vit sa plus grave crise sociale depuis le 14 janvier 2011, l'actuel chef du gouvernement, Ali Laârayedh, s'apprête à plier bagage pour laisser place à Mehdi Jomaâ, selon les termes des accords du Dialogue national. Selon des sources proches du parti islamiste d'Ennahdha, Laârayedh n'attend plus que l'élection de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) et la fixation de la date des prochaines échéances électorales pour annoncer la démission de son gouvernement.Le président Marzouki pourrait alors demander à Rached Ghannouchi, président du principal parti de l'assemblée, à savoir Ennahdha, de désigner un nouveau chef du gouvernement, selon les termes de l'Organisation provisoire des pouvoirs L'élection de l'ISIE devrait avoir lieu, hier soir ou aujourd'hui, à l'ANC. Laârayedh démissionnerait au cours des prochaines 48 heures. Le départ des islamistes du pouvoir sera sur fond de crise, même s'ils veulent l'assumer à une fin joyeuse d'une phase de la transition, à savoir l'adoption de la Constitution et la désignation des prochaines échéances électorales. La Tunisie continue à retenir son souffle.




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