Kaddour Chouicha, président du bureau d'Oran de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), a animé, hier, une conférence de presse pour annoncer l'intention de la ligue d'Oran de prendre part aux marches prévues le 24 février pour dire non à l'exploitation du gaz de schiste.A Oran, il s'agira non pas d'une marche, mais d'un rassemblement qui aura lieu vers 16h sur la place Port Saïd (Front de mer). Pour Kaddour Chouicha, plusieurs raisons ont incité le bureau d'Oran de la LADDH à participer aux marches prévues le 24 février. «D'abord, on compte manifester pour exprimer notre soutien aux habitants d'In Salah. Après 50 jours de manifestations continues, on tient à leur exprimer notre solidarité.» Il précise qu'aux dernières nouvelles, le pouvoir a déplacé tous les camions et les engins d'In Salah vers Hassi Messaoud.«Mais il n'y a rien d'officiel : seuls les habitants ont constaté la disparition de tous les engins utilisés pour creuser le puits basé sur la fracturation hydraulique», dit-il. En soutenant la protestation à In Salah, affirme Chouicha, la LADDH dénonce, par ricochet, la «gestion démocratique» par le pouvoir. «Dans la logique du pouvoir, dès lors que c'est moi qui commande, je prends toutes les décisions et toi, tu te tais !» Avec cela, ajoute-t-il, il y a aussi la répartition inégale des richesses et des ressources. «A In Salah, on trouve des gens qui n'ont constaté aucune différence entre l'Algérie coloniale et l'Algérie indépendante.Ils ont vécu cela avec le gaz conventionnel et le pétrole, et aujourd'hui, ils s'apprêtent à le revivre de nouveau avec le gaz de schiste.» Plus globalement, c'est la politique économique du pays, basée sur la rente, qui est dénoncée par Kaddour Chouicha. «Quand les prix du pétrole et du gaz ont baissé, ils ont poursuivi leur logique rentière et ont opté pour le gaz de schiste. Le pouvoir n'a aucune vision d'avenir pour l'économie du pays. C'est pour cela que nous sommes solidaires avec les habitants d'In Salah quand ils réclament un moratoire.»Et d'ajouter qu'il n'est pas normal qu'un pays comme la France interdise l'exploitation du gaz de schiste sur son propre territoire et en même temps envoie des sociétés françaises pour l'exploiter en Algérie. «On considère encore l'Algérie comme un territoire d'outre-mer.» Autre registre ayant incité le bureau d'Oran de la LADDH à opter pour un rassemblement mardi prochain : celui des chômeurs de Laghouat.Kaddour Chouicha a dénoncé la répression arbitraire et l'emprisonnement de 9 militants de la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC) à Laghouat. Ce n'est qu'après avoir entamé une grève de la faim et que l'un d'entre eux ait été transféré aux urgences que le procureur de la République est allé les voir pour leur garantir un procès en appel le 11 mars prochain, à la condition d'arrêter la grève de la faim, ce à quoi les chômeurs ont répondu positivement. Pour Kaddour Chouicha, on assiste là à «une justice de classe». «Aujourd'hui en Algérie, quelqu'un qui a de l'argent est protégé, celui qui n'a rien paye le prix fort. Les chômeurs, qui constituent la catégorie la plus vulnérable de la société, on les emprisonne, tandis que les délinquants, les vrais délinquants, sont en liberté !»La manifestation de mardi à Oran sera également une occasion pour la LADDH de dénoncer le cas Ali Attar, ce jeune chômeur victime, à Alger, d'une disparition forcée qui a duré 9 jours : «Il a été considéré comme disparu pendant 9 jours. On pensait que ces pratiques étaient révolues, ce n'est pas le cas.» Et d'ajouter : «On ne dit pas qu'aucun Algérien ne doit passer devant la justice, on dénonce les méthodes arbitraires qui sont utilisées et on réclame une justice indépendante. Ce qu'on dénonce, c'est le mépris du pouvoir à l'égard de la population.»
Posté Le : 22/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : El Kébir Akram
Source : www.elwatan.com