Paris.
De notre correspondant
Les drapeaux ornaient la place de la République, ceux des trois pays du Maghreb et le désormais fameux drapeau égyptien. L’ambiance était festive malgré la grisaille. «Le football nous a séparés, le combat contre la dictature nous a rapprochés. Et nous menons, pour ce match, un à zéro», taquine Mohamed Ramzy un groupe d’Algériens. D’une seule voix, plusieurs personnes lui répondent : «Nous allons égaliser plus vite que vous ne croyez !» Avec un sourire provocateur, un manifestant se joint à la discussion : «A ce jeu-là, nous risquons de gagner avec un score fleuve. Nous allons non seulement nous séparer de Bouteflika, mais aussi des généraux. Je prédis un 15-1.» Il déclenche l’hilarité de la foule.
A la tribune, une intervenante harangue la foule : «Bouteflika bara, les généraux bara !» Le slogan est repris longuement par des centaines de personnes. L’appel du Collectif d’Algériens de soutien à la lutte en Algérie pour le changement et la démocratie a rencontré un important écho auprès de la communauté algérienne de France. Hamid Koureiche est venu en famille. Avec ses deux filles, il s’époumone à répéter de plus en plus «Y’en a marre de ce pouvoir !», le slogan qui a eu le plus de succès. Il ajoute : «Merci les Tunisiens, merci les Egyptiens ! Quelle belle leçon de démocratie ! Les Algériens aussi méritent de relever la tête, de vivre dignement. On ne doit pas laisser Bouteflika se représenter pour un quatrième mandat. Mes filles doivent connaître une Algérie moderne, démocratique, pas sénile et autocrate.»
De nombreux manifestants étaient remontés contre la télévision algérienne. Mohand, quinquagénaire, a rameuté autour de lui les caméras : «J’ai honte de la télévision de mon pays. Vive les télévisions étrangères, vive Al Jazeera ! Il n’y a pas de liberté en Algérie. Pendant qu’on massacre les manifestants à Alger, hommes et femmes, Canal Algérie diffuse un documentaire sur l’ulcère gastro-duodénal. Quelqu’un a vu Canal Algérie ' Ils sont où '» Non loin, il y avait bien une équipe de la télé algérienne pour couvrir les évènements. «On verra s’ils vont passer le sujet et surtout ce qu’ils vont dire», avertit Mohand.
Une Palestinienne monte sur la scène pour apporter son soutien : «En arrivant ici, un manifestant m’a apostrophée en me disant que Bouteflika soutient les Palestiniens…» Le public la hue. Elle sourit, attend que la foule se calme et reprend : «Je lui ai répondu que si Bouteflika n’aime pas son peuple, il ne peut pas aimer le peuple palestinien». S’ensuivent de longs applaudissements et des youyous. «Après l’Algérie, la Palestine», crie une manifestante.
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Posté Le : 13/02/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Rémi Yacine
Source : www.elwatan.com