« La superstition
est plus injurieuse à Dieu que l'athéisme. » Diderot
Un président
africain est poursuivi par un tribunal international pour des motifs graves.
Nonobstant la présomption d'innocence, l'accusation en question n'est pas
mince. S'il est par contre innocent, il appartient à tous les dirigeants qui se
revendiquent de «l'africanité» d'adopter une attitude commune, ferme, face au
laxisme complice de «la communauté internationale» devant les nombreux crimes
contre l'humanité commis par Israël depuis des décennies, devant l'assassinat
quotidien de civils par les armées de cette «communauté» en Irak, en
Afghanistan, etc. Mais est-ce que les gouvernements africains, très différents
en matière des droits de l'homme, de libertés, peuvent un jour avoir un point
de vue pertinent sur les gros conflits et affaires qui ponctuent l'actualité
africaine et internationale? Rien n'est moins sûr.
Les gros problèmes que vivent les populations
africaines, qui sont profonds et durables sont cependant plus importants et
vitaux, comparés au présent et à l'avenir de tel ou tel dirigeant, forcément
mortel, donc éphémère. L'éradication de maladies du moyen âge, des bidonvilles
qui sont des marqueurs fiables du développement, l'enlèvement des ordures à
chaque coin de rue, la distribution du courrier et la progression de
l'Internet, la suppression du fatras de documents administratifs (toujours à
légaliser!) et tant de choses de la vie quotidienne rendent la vie très dure
aux Africains. «Le garde malade» est devenu une institution dans les hôpitaux
algériens, aux frais du contribuable et du Trésor public.
Du papier est
importé en devises pour le compte de publications qui ne vendent rien, avec des
ardoises auprès des imprimeries publiques, alors que ces journaux n'ont aucun
impact politique, culturel ou social. Des chantiers sont laissés en l'état,
attendant le vent et la pluie pour rendre plus coûteux leur achèvement. Est-ce
pour formaliser des marchés de gré à gré? A l'évidence, de grosses et profondes
réformes sont attendues dans les systèmes de santé, éducatif, des autorités
locales, dans les séparations des pouvoirs entre la wilaya et les élus dans les
assemblées, pour que tous cessent de se renvoyer la balle, avec les citoyens au
milieu de conflits qui les dépassent, qui congèlent le développement.
En Algérie, une
réforme d'envergure est attendue, après des débats nationaux sérieux, pour
l'audiovisuel et le cinéma qui ne font que du bricolage, de temps en temps une,
deux ou trois productions sont montées en épingle comme si le pays avait
dépassé le cap de trente ou quarante longs métrages de fiction et des centaines
d'heures de produits audiovisuels! La focalisation facile et courante sur «la
reine mère» Al Djazira ne fait ni des Å“uvres, ni des audiences et encore moins
des ancrages qui fidélisent de larges courants de la population. Ressortir la
magique TNT avec une seule chaîne qui a un statut juridique, sans un projet
réfléchi d'ouverture médiatique consiste à faire de la fuite en avant,
d'acheter des émetteurs et des réémetteurs sans avoir de quoi les alimenter en
diversités séduisantes à même de lutter à armes égales avec les concurrents
dans plusieurs langues. L'Algérie le peut, si elle le veut de façon forte et
volontariste. Il est venu le temps de penser dans la sérénité à la place de
l'investissement privé dans toutes les industries du film. L'Etat n'a ni à
vendre des tickets de cinéma, ni à importer des films et encore moins à gérer
des laboratoires, des studios de tournage, des ateliers de décors, de costumes
et d'accessoires, sachant qu'importer une lampe demande une autorisation ou
pour transférer le coût d'une simple machine ou un instrument de moins de 2000
euros ou dollars. Les pays européens et certains médias arabes, très offensifs,
outillés et organisés ont balisé leurs territoires linguistique, informatif,
culturel, politique, mémorial et celui des loisirs. Les attaques, pacifiques,
par le satellite se déclinent H24, dans tous les genres, dans toutes les
langues par ceux qui ont compris que pour la guerre des images, un jour perdu
demandera vingt fois pour être compensé.
Il suffit pour
les gloutons optiques comme disait Godard d'orienter sa parabole, dans les pays
retardataires pour avoir un ou plusieurs bouquets, selon les besoins, le niveau
socioculturel, la structure du logement familial qui restreint ou augmente la
liberté des choix, dans la journée ou tard dans la nuit. En cela, le logement
peut être un facteur de discrimination selon les pays, les groupes sociaux, les
campus, les centres de recherche… Comme l'Algérie est, par la géographie,
située en Afrique, elle mérite une place de choix sur le continent de par ses
potentialités énormes, son histoire, ses ressources humaines, etc.
En Algérie, dans
une approche stratégique, le Président Bouteflika a essayé de porter à bout de
bras et de faire aboutir les espérances du Nepad qui peut intéresser des pays,
des Etats, des populations, des élites et des sociétés civiles, plus ou moins
libres vis-à-vis des pouvoirs politiques. Mais M. Bouteflika n'a pas la force
de frappe (en Afrique) du groupe Al Djazira, de l'Egypte.
La seule chaîne
nationale, qui n'est pas sur satellite, n'a donc aucune audience en Afrique et
encore moins auprès des populations algérienne, maghrébine ou en Europe. Or,
c'est avec le soutien des élites et des populations d'Afrique qu'un projet
comme celui du Nepad pouvait avoir des chances d'aller aux termes des objectifs
fixés. Comme pour ceux du millénaire auxquels l'Algérie adhère, du moins sur le
terrain officiel.
Les enjeux pour
l'Algérie sur les dix, vingt années à venir sont chaque jour analysés, assortis
de propositions pertinentes du côté des experts, de la matière grise, de
l'opposition, de personnalités réduites à la marge, de quelques quotidiens
privés, sans plus. Les décideurs, se croyant détenteurs des vérités absolues,
s'évertuent, sans succès sur le terrain, à gérer des équilibres des plus
instables et surtout handicapants pour les intérêts du pays à long terme, dans
un autisme ravageur. Un exemple: combien coûte un ministère du tourisme en
frais de fonctionnement, d'équipement, de déplacements à l'étranger, de
réceptions, de manifestations folkloriques, comparativement aux recettes du
tourisme intérieur et international? Faisons les mêmes comparaisons, chiffres à
l'appui, avec l'Afrique du Sud, la Tunisie, la Turquie, le Maroc… Pour ne
rester que dans les pays émergents. Le tourisme d'apparence est, lui aussi, financé
par les seules ressources des hydrocarbures. Aujourd'hui, un des rares pays
africains qui est pris au sérieux, c'est l'Afrique du Sud qui a frappé un grand
coup et marqué des points très précieux avec la réussite extraordinaire de la
Coupe du monde 2010. Nelson Mandela, lorsque l'heure sera venue, peut partir
heureux. Il a réussi et permis les bases essentielles du développement
économique. Des blondes, des noires, des rousses, des métisses mélangées dans
un stade pour supporter et ensuite hurler leur fierté d'appartenance à un pays
qui a vaincu le spectre de l'apartheid, dans les différences religieuses,
politiques, de couleurs de peau… Quel pays africain peut dans 2 siècles se
prévaloir de telles valeurs et de leur victoire sur les nationalismes ringards,
nocifs et totalement décalés comme ceux que cultivent tellement de gouvernances
africaines, bloquées sur les siècles passées.
L'Algérie peut prétendra à juste raison au
rôle de leader, du moins dans son environnement direct. A condition que les
«familles», les suceurs de la rente lui laissent toutes ses chances en
permettant l'émergence d'élites jeunes et compétentes puisque ces élites
existent, et certaines regardent les trains passer. De son côté, N. Mandela est
confirmé comme leader. Il est passé par chez nous, a appris ce qu'il fallait
pour finalement avoir le sacre mérité chez lui. Un sacre universel à hauteur du
personnage.
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Posté Le : 05/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdou B
Source : www.lequotidien-oran.com