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Mandela
Après dix jours de deuil national et une série d'hommages en Afrique du Sud et dans le monde, une dernière cérémonie officielle s'est tenue dans ce petit village rural Qunu, au sud-est du pays, où il doit être inhumé en milieu de journée dans l'intimité familiale. Coups de canon, escorte militaire, hymnes religieux, ch?urs d'enfants, 95 cierges (autant que le nombre d'années de sa vie) : toute la pompe due à un homme d'Etat de sa stature avait été déployée pour ces funérailles, en présence de 4 500 invités. Quelques personnalités étrangères, le prince Charles, les anciens Premiers ministres français Lionel Jospin et Alain Juppé, ou l'entrepreneur britannique Richard Branson, s'étaient glissés dans l'assemblée, où les Sud-Africains dominaient nettement. Le président Jacob Zuma s'est adressé directement au défunt, «un homme si grand et cependant si humble», dont «l'élégance, le rire, l'amour et le leadership» manqueront à tous. «L'Afrique du Sud va continuer à grandir, parce que nous ne pouvons pas te décevoir», a-t-il lancé. «Ton long chemin vers la liberté s'est achevé (...) Mais notre propre voyage continue (...) Tu resteras la lumière qui nous guidera sur le long chemin pour construire l'Afrique du Sud de tes rêves.» Mais son vieil ami et camarade de lutte, Ahmed Kathrada, n'a pas tardé à faire jaillir la personnalité unique du héros de la lutte anti-apartheid, un géant chaleureux et accessible, évoquant «son amour, sa simplicité, son humilité, son courage...»«J'avais vu à l'hôpital un homme impuissant et réduit à l'ombre de lui-même et l'inévitable s'est produit», a-t-il noté d'une voix chevrotante. «Ma vie est face à un vide et je ne sais plus vers qui me tourner.» L'une des petites-filles du défunt, Nandi Mandela, a détendu l'atmosphère en revenant sur les qualités de conteur de son «tatamkhulu» (grand-père). «Il préférait les histoires qui lui permettaient de se moquer de lui-même», a-t-elle rappelé, mais il était «aussi un grand-père strict, attaché à la discipline, qui nous préparait à la vie». «Tu vas nous manquer tatamkhulu. Ta voix sévère quand tu n'étais pas content de nous va nous manquer. Ton rire va nous manquer...» Même les dirigeants africains appelés au pupitre sont sortis des hommages convenus. La présidente du Malawi, Joyce Banda, évoquant notamment la manière dont «tout le monde tombait amoureux de Mandela», sous les applaudissements de l'assemblée. Après cet ultime hommage, les caméras devaient s'éteindre. La famille de Nelson Mandela a souhaité le mettre en terre à l'écart des médias. Privée de son patriarche pendant ses 27 ans de prison, obligée de le partager ensuite avec la nation puis le monde entier, elle souhaitait se le réapproprier pour un dernier adieu. La mise en terre sera dirigée par des chefs du clan Thembu, une branche de l'ethnie xhosa. Un b?uf devait être sacrifié pour contenter les esprits des ancêtres et s'assurer qu'ils réservent un bon accueil au père de la Nation arc-en-ciel. Ce sont des anciens du clan, également, qui ont veillé le corps dans la nuit. Ce sont eux aussi qui devaient communiquer avec les ancêtres lors des rituels depuis samedi, afin d'apaiser l'esprit du défunt. Dès l'aube aux portes de la propriété de Mandela, dont tous les accès routiers sont coupés depuis plusieurs jours, des résidents de Qunu s'étaient rassemblés, espérant pouvoir se glisser à l'intérieur.R. I.


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