Algérie

Mandat d'un demi-siècle



Mandat d'un demi-siècle
Après la lutte libératrice à laquelle tout le peuple algérien avait pris part, le FLN prenait le pouvoir, à l'indépendance, pour ne plus le lâcher. Comme une tutelle inamovible sur le pays et sur la population, il exercera un mandat exceptionnel qui chevauchera cinq décennies. L'un des pères fondateurs de ce mouvement révolutionnaire, Mohamed Boudiaf, tenta à son retour au pays, en 1992, de convaincre ceux qui avaient pris en héritage le FLN de confier ce sigle au musée de l'histoire et le rendre à la mémoire collective. L'homme de Novembre, éphémère Président, sera envoyé au tombeau avant d'avoir fini de montrer les voies de la raison. Loin de se hisser au rang de patrimoine national immatériel, l'ancien parti-Etat, qui n'a jamais cessé de l'être, redouble de motivation pour conforter sa place dans l'échiquier politique et peser sur les perspectives du pays.Ce que d'aucuns appellent la «politique fiction», au FLN, c'est la politique tout court. Ses insondables cercles de décision lancent des chantiers politiques tout en se sachant assis sur du sable. En septembre dernier, une «commission des études et de la prospective» a été installée avec pour mission d'élaborer les «approches du parti à court et long termes». Pour donner un gage de crédibilité à cette démarche qui ignore étrangement le moyen terme, des ministres en poste ont été priés de prendre congé de leurs missions gouvernementales pour s'associer à cet improbable projet partisan. Au début de cette semaine, le nouveau secrétaire général du FLN a convoqué les anciens cadres du parti pour réitérer le programme ambitieux de «conservation de la place de première force politique du pays et l'obtention de plus de sièges aux prochaines élections».Au travers de ces activités, on pourrait déduire que le FLN n'est pas un parti à bout de souffle mais en pleine croissance et qu'il est possible de relever le niveau de l'hégémonie politique sans craindre la dictature. Pourtant, il suffit de quitter les cercles dirigeants exposés aux projecteurs des médias et de prendre connaissance de la réalité organique de cette organisation devenue un appareil froid et implacable, livré à la seule expression des ambitions personnelles que seuls le pugilat ou la décision centrale arrivent à départager. L'état d'esprit est tel que, même au musée, les bagarres se poursuivront.Ce n'est pas dans les documents à venir de la commission de prospective qu'il faudra lire l'avenir du FLN, mais dans la déclaration du 1er Novembre 1954. Les responsables actuels du parti ont le courage de regarder l'avenir mais pas de relire les événements historiques. Dans leur appel au peuple algérien, les fondateurs du FLN tiraient les conclusions de l'impasse du Mouvement national qui, «terrassé par des années d'immobilisme, mal orienté, privé du soutien de l'opinion populaire, dépassé par les événements, se désagrège progressivement». L'heure est grave, disaient également les chefs historiques, dont les mots prennent une forte résonance dans la conjoncture actuelle du pays.


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