Algérie

Managers d?hier et d?aujourd?hui



Lorsqu?ils quittent la sphère étatique vers une activité libérale, les ministres, chefs d?entreprises publiques et hauts fonctionnaires développent un meilleur engagement professionnel et manifestent une étonnante vitalité. Les revenus tirés de l?exercice libéral n?expliquent pas tout : cette élite a tout simplement retrouvé des conditions de travail autres, bien meilleures, permettant à leur talent de s?exprimer. Le secteur public n?est pas, par définition, porteur de tares comme le prouve amplement le bon usage qu?on en fait dans les pays scandinaves. Néanmoins, il se pervertit lorsque la sphère politique en fait une source de rente et un instrument de consolidation du pouvoir. Par rapport à ses voisins, l?Algérie a une caractéristique propre : son libéralisme, à l?état sauvage, cohabite avec les scories du « socialisme spécifique » d?antan, deux sous-systèmes qui ne peuvent forger une économie dynamique et concurrentielle. Ce système hybride et dévoyé explique les dysfonctionnements et les retards dans le décollage économique. Les dirigeants algériens ont été incapables de rompre avec le passé et de faire le pari du futur, réaliser en quelque sorte le pari chinois : faire coexister une économie d?Etat forte et un libéralisme triomphant. Les managers algériens ont obtenu ces dernières années une marge de man?uvre, voire d?autonomie d?action, à la faveur de l?avancée de la mondialisation qui a, quelque peu, réhabilité l?économique et relégué les enjeux politiques et idéologiques au second plan. Mais le problème reste posé dans sa pleine dimension, essentiellement politique au moment où le pays a la chance historique de disposer de ressources financières considérables exceptionnelles. Des pays en développement, notamment en Afrique et en Asie, ont franchi le pas politique et renoué avec la croissance économique, forçant peu à peu la porte du carré des nations émergentes. Ils ont pu réunir les conditions permettant l?émergence d?une nouvelle élite dirigeante. Diplômés des grandes écoles internationales, les managers de ces Etats ont la particularité de ne rien devoir aux anciennes puissances colonisatrices de leur pays, leur empruntant leur langue pour l?usage exclusif de la transmission du savoir et de la communication professionnelle : à l?inverse de leurs aînés, ils ne ne s?embarrassent d?aucune idéologie, ne se sentant guidés que par le travail bien fait et l?obligation de résultat. Leur univers de référence est plutôt l?Asie des dragons : Chine, Singapour, Hong Kong, Inde... L?Occident leur apparaît trop éloigné des réalités de leur population, dont ils ont profondément intériorisé la demande de sortie du sous-développement : ils se sentent profondément impliqués dans ce combat, à la différence des élites vieillissantes qui, en dehors de quelques figures historiques, avaient privilégié leurs intérêts propres dans le sillage des liens néo-coloniaux tissés par les anciennes puissances occupantes. Ces managers d?un nouveau type sont l?espoir d?un tiers-monde qui veut se frayer une place, avec ses propres ressources, humaines et naturelles, pour en finir avec l?assistanat et le cycle infernal de l?endettement. Au Maghreb, ils frappent à la porte des sphères décisionnelles, piaffant d?impatience. Mais ils se heurtent constamment, quoiqu?à des degrés divers, aux rigidités et aux exigences des classes politiques dirigeantes de leurs pays respectifs dont la particularité est d?être dominatrices et peu imbibées de culture démocratique.


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