Algérie

MALVIE, CHÔMAGE, CRISE IDENTITAIRE


Les jeunes Algériens fuient leur pays
16 d’entre eux ont tenu à le manifester la veille de la Fête de l’indépendance mais aussi de la jeunesse. Ils n’avaient pas plus de trente ans, ils ont été interceptés par des gardes-côtes au large des côtes «bônoises» (Annaba), le vendredi 4 juillet. Il est inutile de revenir sur les causes qui les ont poussés à tenter l’aventure au péril de leur vie. On ne cesse de les égrener comme une litanie, comme un chapelet. Comme un mal qui vous ronge le corps. Un cancer auquel on n’a encore pas trouvé de remède.Chômage, malvie, crise du logement, échec scolaire...autant de fléaux qui mettent à mal et ravagent le continent africain, les pays pauvres et malheureusement l’Algérie. 9000 immigrés clandestins ont débarqué sur l’île italienne de Lampedusa depuis le début de l’année 2008. Ils l’ont fait sur des embarcations de fortune, comme ont tenté de le faire, les 16 jeunes Algériens la veille du 5 juillet. Ils ont probablement rêvé de dolce vita. Un rêve seulement. Combien d’Algériens l’ont-ils caressé, effleuré ne serait-ce qu’une seule fois? 1000, 1500, 2000.Les chiffres ne font que nous parvenir. Ils représentent autant de drames. Autant de vies hypothétiques. Illusions-désillusions. La dialectique est enclenchée, elle est en marche. Chaque acte accouche de son contraire. Cela n’est pas que de la théorie.Sans alternative à leur détresse, des jeunes et des moins jeunes jouent leur vie en affrontant le déferlement furieux des vagues de la mer Méditerranée. Un peu comme à la roulette russe. Lundi 28 avril 2008, 19 harraga tous originaires de la capitale, Alger, se sont lancés à l’assaut des côtes européennes à partir de Ghazaouet. L’aventure a tourné court, probablement à cause d’une avarie qu’aurait subi le moteur de leur embarcation.Cette dernière a chaviré. A chaque chose malheur est bon. Ils ont été repêchés en haute mer avant d’être acheminés vers le port d’Oran. Le 14 mai, ce fut au tour d’une vingtaine de candidats à l’immigration clandestine de connaître le même sort. Interceptés par les gardes-côtes, ils ont atterri eux aussi au port de la capitale de l’Ouest. Dans cette aventure qui aurait pu connaître une issue dramatique, figurait un ingénieur d’Etat. Une parfaite illustration de la connexion entre de jeunes diplômés au chômage et le désamour porté à un pays qui les a pourtant vu naître et grandir. La solution dans pareil cas résiderait-elle dans la fuite, la harga? L’Algérie se vide de ses forces vives.Sa matière grise s’est envolée vers des cieux plus cléments. Plus en adéquation avec leurs ambitions professionnelles, sa jeunesse, en proie à une crise identitaire qui ne cesse de la broyer, ne songe qu’à fuir. Parmi les crises auxquelles l’Algérie fait face, celle de l’émigration, du «partir à tout prix», ressemble à un problème qui n’a pas de solution et lorsque les moyens manquent, cette jeunesse n’a d’autre alternative qu’à exprimer sa douleur par la violence.Le premier semestre 2008 a été marqué par de violents affrontements. Que cela soit à Berriane (Ghardaïa) ou à Chlef, les jeunes en colère ont transformé leurs villes en terrains d’affrontements.Trop de violences contenues, cristallisées qui se sont déversées. A Oran, la relégation du club-phare de football de la région (Mouloudia d’Oran) a servi de prétexte pour les jeunes qui ont exprimé leur ras-le-bol d’un avenir sans lendemain. Mais il y a aussi cet exil intérieur qui s’exprime d’une tout autre manière sans doute, c’est ce phénomène appelé communément «évangélisation».Le cheminement est tout autre. Il est d’ordre philosophique, spirituel, il consiste à épouser une autre religion dans laquelle on est né puis élevé. Les causes qui y mènent relèvent-elles du même processus qui mène à la harga? La question mérite d’être posée.
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