Algérie

Mali: une victoire qui n'a rien de triomphal



Au Mali, le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta a, comme cela était attendu, été réélu pour un nouveau mandat en distançant largement son rival, l'ancien ministre des Finances Soumaïla Cissé qui a échoué à fédérer autour de lui les oppositions dont les candidats n'ont pu parvenir au second tour de l'élection. «IBK» comme l'appellent les Maliens est cependant loin d'avoir remporté une victoire «triomphale» ainsi que ses partisans se sont empressés de la qualifier. Pour aussi nette qu'elle a été à la comparaison de son score avec celui de son compétiteur, la victoire du président sortant est à relativiser en ayant à l'esprit qu'il l'a emporté cette fois-ci avec moins de voix que dans la précédente élection présidentielle, en raison d'une abstention qui même au Mali où elle fait partie des m?urs électorales a revêtu une ampleur qui a clairement établi qu'une majorité massive de Maliens s'est convaincue qu'elle n'a rien à attendre et du président sortant et de ses rivaux qui puisse être des réponses à hauteur de la grave crise à laquelle le Mali est confronté.L'opposition au président IBK n'a pas pu capitaliser sur son bilan de premier mandat dont les résultats n'ont pas été à hauteur des attentes ayant été celles des Maliens en l'élisant la première fois. Cela pour la raison essentielle que les Maliens n'ont pas vu en ses composantes d'alternatives crédibles au regard des défis qui sont à relever pour leur pays. Ibrahim Boubacar Keïta qui a pâti d'une évidente désaffection populaire causée par sa gouvernance durant son premier mandat l'a emporté en somme par défaut sur ses candidats, grâce au fait qu'elle-même est affectée de discrédit pour ne pas avoir mis en avant des candidatures qui auraient osé la rupture avec le sérail politique qui depuis la chute du régime militaire malien n'a eu d'autre programme que celui de sa survie qui a conduit à la dramatique situation dans laquelle est le Mali.
N'ayant été nullement triomphante, la réélection d'IBK n'augure pas que celui-ci va comme souhaité par la communauté internationale en finir avec l'attentisme et les tergiversations qui ont été les siens à procéder à l'audacieuse refonte des institutions maliennes et du fonctionnement de l'Etat malien qui seule pourrait permettre l'application des accords de paix d'Alger. Il n'est pas certain qu'il ait cette audace car malgré sa victoire sa légitimité en est sortie amoindrie. Ce qui ne va pas lui donner de marge de man?uvre déterminante vis-à-vis des parties qui au Mali et par calculs politicards s'ingénient à faire dans la surenchère pour rendre caducs ces accords.
Le Mali qui est au bord de l'effondrement irrémédiable a été finalement le théâtre d'une élection présidentielle dont les prolongements risquent de l'y précipiter si son vainqueur se complaît aux effets d'annonce sans concrétisation dans les faits de gouvernance et dont le seul résultat a été que la crise malienne circonscrite un temps à la seule question du nord du pays a désormais contaminé les autres régions du Mali faisant planer une menace existentielle pour ce dernier.


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