Algérie

Mali, Niger : fièvre chez les Touaregs



C'est la fièvre à nouveau au nord du Mali où, après le Niger, des Touaregs ont repris le chemin de la rébellion. S'il est difficile d'affirmer qu'il existe une coordination entre les deux rébellions, il est par contre évident que toutes deux se nourrissent des mêmes frustrations à l'égard du pouvoir central. Les différents accords de paix, fondés sur le principe de l'insertion de rebelles touaregs et d'une meilleure redistribution économique, sont rudement mis à l'épreuve. Jeudi, ce sont, selon le dernier bilan, treize civils qui ont été tués dans l'explosion d'une mine dans le nord du Mali. Le camion venait d'Algérie et on n'a pas encore d'informations sur la nationalité des victimes (algériennes ou maliennes) et s'il est imputable à la rébellion. Celle-ci s'est manifestée de manière spectaculaire, les 26 et 27 août, par des attaques contre l'armée qui se sont soldées par l'enlèvement d'une quarantaine de soldats. Neuf d'entre eux ont été libérés dans une opération de l'armée mais une trentaine de soldats sont encore entre les mains de la rébellion. Ces attaques seraient le fait d'Ibrahim Ag Bahanga, un ancien rebelle, hostile à l'accord de paix conclu en juillet 2006. C'est à Ag Bahanga qu'a été imputée l'attaque du 11 mai dernier contre un poste militaire dans le nord-est du Mali et qui s'était soldée par 10 morts. D'anciens rebelles ont pris leurs distances à l'égard de Bahanga ou bien essayaient d'obtenir la libération des soldats enlevés. Iyad Ag Ghaly, chef du mouvement des ex-rebelles touaregs maliens de l'»Alliance démocratique du 23 mai 2006 pour le changement», a déclaré que Ag Bahanga «avait pris l'engagement de ne plus attaquer les positions de l'armée et de ne plus tenter d'enlever d'autres militaires». Or, la situation s'est corsée davantage avec la défection d'un colonel de l'armée malienne qui a rejoint la rébellion. Le colonel Assane Fagaga est l'un des dirigeants de l'Alliance démocratique qui a signé l'accord de paix de juillet dernier et en début de semaine il condamnait les attaques lancées par les rebelles. Cette défection surprise montre une fois de plus la fragilité de «l'insertion» des anciens rebelles. Le colonel Fagaga a rejoint la rébellion avec sept autres militaires et une cinquantaine d'anciens combattants de l'Alliance. Cela commence manifestement à faire du monde. Si l'hypothèse d'une jonction entre les rebellions au Mali et au Niger, non encore étayée, se confirmait, on risque d'entrer dans un nouveau cycle de troubles dans la région. Car, au nord du Niger, le Mouvement des Nigériens pour la justice est actif. Plus de 40 soldats nigériens ont été tués au cours des 7 derniers mois. Pour faire face à une rébellion qui s'en prend également aux entreprises étrangères qui opèrent dans le secteur minier, le Niger a décrété le 24 août dernier l'état d'urgence. L'enjeu pour la rébellion au Niger est d'obtenir un meilleur partage des richesses. Niamey qui ne parle que de «bandits» reste encore loin de l'Association nigérienne de défense des droits de l'homme (ANDDH) qui appelle le gouvernement à reconnaître le Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ) comme «un mouvement rebelle» et «ouvrir le dialogue» avec ses dirigeants. L'association impute le retour de la rébellion touareg au Niger à l'échec de la gestion des accords de paix de 1995. La mise en oeuvre de l'accord a été une source de «frustration» chez les rebelles touaregs. Un constat valable pour les deux pays. Les causes de la fièvre sont connues, quant au remède...


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)