«C'est la plus grande inquiétude aujourd'hui, le retour de ces militaires» ayant pour la plupart combattu au sein des troupes d'El Gueddafi, a déclaré M. Maïga, responsable de Stop la guerre, rencontré par l'AFP à Gao, une des trois régions administratives formant le Nord-Mali, dans la bande sahélo-saharienne. «Ils sont pourchassés en Libye, parce qu' étiquetés comme ''pro- El Gueddafi . (...) Ils arrivent en convois de véhicules et avec des armes», ajoute-t-il, estimant : «C'est une menace pour tous les pays du Sahel.»Â Selon des sources sécuritaires au Mali et au Niger, des Touareg maliens et nigériens ont abandonné le front face à l'avancée des insurgés libyens qui affrontent depuis mi-février les forces de Mouammar El Gueddafi.
Les rebelles libyens ont pris le contrôle de Tripoli et visent Syrte, dernier grand bastion d' El Gueddafi, en fuite. «Non seulement parmi ces centaines il y a d'ex-rebelles touareg revenus du front, mais aussi des Touareg maliens qui avaient obtenu la nationalité libyenne. Ils étaient intégrés dans l'armée régulière libyenne, ils sont en train de revenir», précise une des sources.
Selon plusieurs témoignages, dès le début de l'insurrection, Mouammar El Gueddafi a fait appel à ces Touareg. Des «intermédiaires» ont profité de l'occasion pour faire partir en Libye, contre rémunération, ces hommes devenus des mercenaires. `
Des mercenaires rémunérés
Ces «recrues» rejoignaient des Touareg maliens ayant été intégrés dans l'armée régulière de Libye. Poussés vers ce pays par la sécheresse ou la répression de rébellions, ils y vivaient depuis longtemps et avaient acquis la nationalité. Différentes sources les estiment à plus de 2000 membres de troupes d'élite. «Je peux vous dire que des centaines d'ex-rebelles touareg du Niger et du Mali, qui avaient été combattre aux côtés d' El Gueddafi, sont rentrés dans les déserts nigérien et malien avec armes et bagages. C'est la chute d' El Gueddafi qui a entraîné leur départ», assure Moussa Tiendré, vice-président de l'Association des ressortissants nigériens résidant à Gao. «Il faut craindre une déstabilisation de tout le Sahel avec cette nouvelle donne. Les Etats comme le Mali et le Niger ne sont pas préparés à faire face à cette situation», a affirmé Mamadou Diallo, enseignant à l'université de Bamako, qui s'interroge : «Que vont devenir ces combattants ' Ils ont des véhicules, des armes et de l'expertise. C'est dangereux.»
L'équation n'est pas facile à résoudre pour un pays comme le Mali, estime Aziz Ould Hanoun, dirigeant l'ONG Entraide active dans la sensibilisation contre la prolifération des armes légères dans une partie du nord du Mali. «On ne peut pas empêcher (ces ex-combattants) de rentrer dans leur pays d'origine. On ne peut pas non plus les laisser prendre le contrôle du Sahara», dit-il.
En privé, un militaire et un diplomate estiment que le Mali, réputé proche de Mouammar El Gueddafi et qui a bénéficié de nombreux investissements libyens sous le régime du «guide», devrait dépêcher des émissaires auprès des nouveaux dirigeants libyens pour plaider la cause des ex-combattants maliens. «Nous suivons ces mouvements de retour évidemment», lâche un responsable du gouvernorat de Gao, sans préciser d'éventuelles mesures envisagées. Â
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Posté Le : 04/09/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : AFP
Source : www.elwatan.com