Plusieurs associations anticoloniales et partis politiques français de gauche ont dénoncé la présence militaire française au Mali et plaidé pour une solution politique de la crise dans ce pays basée sur "la souveraineté" du peuple malien, dans une pétition diffusée lundi.
"La reconquête de la souveraineté territoriale du Mali doit aller de pair avec la reconquête par le peuple malien de sa souveraineté dans le cadre d'un processus national constituant, sans ingérence des grandes puissances", écrivent ces associations et partis politiques dans cette pétition ouverte à signatures.
Ils considèrent que ces derniers mois, la France "n'a en rien contribué à l'émergence d'une solution politique discutée par l'ensemble des Maliens, de nature à favoriser un consensus, préalable à une réorganisation rapide des forces de sécurité".
"Aujourd'hui, la présence de soldats français jusque dans Bamako représente une pression importante sur les autorités maliennes en état de grande faiblesse", écrivent-ils encore, soulignant qu'une solution politique "passe nécessairement par le retrait des troupes françaises" et que c'est aux Maliens qu'il revient de "dessiner l'avenir de leur pays".
Les signataires relèvent aussi que l'intervention militaire française sur le sol malien depuis le 10 janvier dernier, a été décidée "sans consultation préalable du Parlement et ne s'inscrit pas dans le cadre des résolutions de l'Onu".
Ils font valoir en outre que le "prétexte" de cette intervention militaire, invoqué par le gouvernement français, est "la lutte contre les groupes armés maffieux et djihadistes qui contrôlent une partie du territoire malien", mais notent en même temps que la présence de ces groupes armés et "la facilité avec laquelle ils se sont déployés s'explique par l'intervention militaire franco-britannique en Libye".
"Les conséquences de cette intervention (en Libye) furent la dissémination d'armes dans la région et le reflux au Mali de milliers de mercenaires qui a engendré le chaos et l'occupation du Nord du Mal par ces groupes armés", déplorent-ils.
Ces associations et partis politiques estiment également que la France, "sous couvert de l'aide au peuple malien, défend ses intérêts stratégiques au Sahel, une région de matières premières riches et encore largement inexploitées".
"Cette logique de guerre pour une durée indéterminée, risque même de déstabiliser le Sahel tout entier, par la dissémination des groupes armés et la présence de troupes étrangères offrant le prétexte idéal à de nouvelles prises d'otages et à la mobilisation de nouveaux groupes armés parmi la population locale ou en provenance d'autres régions du monde", avertissent les signataires de la pétition.
Ils déplorent que la guerre au Mali ait aggravé une situation "déjà catastrophique", et, citant le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), signalent qu'avant même l'intervention militaire française, plus de 150 000 personnes se sont réfugiées dans les pays voisins et plus de 230 000 autres ont été déplacées à l'intérieur du pays.
"La France, de la colonisation à l'intervention en Libye, a une responsabilité particulière dans la situation actuelle. Elle ne peut s'exonérer de ses responsabilités vis à vis des souffrances du peuple malien et doit appliquer pour les immigrés maliens avec ou sans papiers, un devoir d'hospitalité", ont-ils affirmé dans leur pétition.
Selon eux, "ce devoir d'hospitalité" doit se traduire par un moratoire sur les expulsions de Maliens, en situation administrative irrégulière, vers leur pays d'origine et une régularisation à titre exceptionnel et humanitaire "comme cela est prévu dans les textes en raison de l'état de guerre".
La suppression de l'exigence de visas pour les Maliens voulant venir en France, a également été recommandé par ces associations et partis politiques anticoloniaux dont Survie, Sortir du colonialisme, Fondation Frantz fanon, Front de Gauche et le Front uni de l'immigration et des quartiers populaires (FUIQP).
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Posté Le : 04/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Temps d'Algérie
Source : www.letempsdz.com