Algérie


Mali
Les négociations de paix à Alger ont pris fin hier sans réelle avancée, alors que kidnappings, explosions de mines et affrontements entre groupes armés de différentes communautés inquiètent les observateurs.Ce devait être la dernière étape. Lancée il y a une semaine, la nouvelle phase de négociations de paix entre les mouvements du Nord du Mali et les autorités de Bamako s'est terminée hier sans annonce. Depuis lundi, les discussions sont bloquées par la question du fédéralisme. Ce jour-là, les mouvements armés de la Coordination ont pu, à la demande du chef de file de la médiation, Ramtane Lamamra, expliquer les détails de leur proposition d'Etat fédéral. Les représentants du gouvernement malien «se sont fâchés», selon un participant. «On nous a ramenés dans l'étude du projet de fédération qui lui-même avait déjà fait l'objet de rejet il y a quelques semaines par la médiation», explique le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop.Les représentants des groupes armés affirment, de leur côté, qu'il n'est pas question de céder sur cette revendication. «Après 50 ans et à cause du retard de développement, nous considérons que c'est le système qui ne fonctionne pas», estime Mohamed Ousmane Ag Mohamadoun, porte-parole de la Coordination. La session plénière de négociations devait officiellement se terminer avant-hier. Elle a été prolongée de fait. Tous les participants affirment être optimistes, mais l'actualité du terrain rattrape les négociateurs. Jeudi dernier, deux Touaregs, membres du HCUA, ont été retrouvés égorgés à 40 km de Kidal. Samedi, 12 enfants ont été kidnappés près de Kidal. Deux d'entre eux ont été tués alors qu'ils tentaient de s'échapper, selon un officier de l'armée malienne qui évoque un «enrôlement de force d'enfants soldats».Mardi, le convoi du ministre du Développement rural a sauté sur une mine dans la région de Gao. Deux soldats maliens ont été tués. Inquiète, Washington, pourtant plutôt discrète sur cette question au cours des derniers mois, a envoyé à Alger la sous-secrétaire d'Etat adjointe en charge de l'Afrique, Bisa Williams, rencontrer tous les acteurs.RadicalisationUn observateur se dit très préoccupé : «Tous les ingrédients qui ont mené à la guerre de 2012 sont à nouveau réunis.» Dans les couloirs des hôtels, certains s'inquiètent d'une «radicalisation du gouvernement»; des propos tenus par des responsables à Alger et à Bamako laissent penser qu'une aile dure, partisane d'actions militaires, a désormais plus d'influence. En face, les représentants des mouvements armés estiment que si aucun accord n'est signé, ce sera le retour de la guerre. «La menace est grande. Les rebelles menacent mais d'autres acteurs plus dangereux menacent également», explique un participant de la Coordination, tout en affirmant que sur le terrain, de chaque côté, «chacun se prépare».Dans son tout dernier rapport, International Crisis Group met en garde contre le ressentiment des populations : «Ceux qui sont restés au Nord-Mali ne voient guère les bénéfices de la paix et du déploiement d'une vaste mission onusienne.» Groupes djihadistes plus puissants, faiblesse de l'armée malienne et fragilisation de la parole politique pourraient conduire à un scénario catastrophe cette fois avec un risque supplémentaire. «Il y a de plus en plus de manifestations d'habitants réclamant l'indépendance et qui sont insatisfaits du travail des mouvements armés. Il y a aussi des tensions entre communautés qui sont instrumentalisées. On risque la guerre civile», s'inquiète un observateur présent à Alger.Mohamed Ousmane Ag Mohamadoun acquiesce : «On lève des milices contre nous en leur disant que nous allons leur retirer leur territoire, ce qui est faux.» Mais, un autre observateur nuance : «Certes, le sentiment que la communauté d'en face est responsable reste ancré, pourtant je ne pense pas qu'une nouvelle guerre se déclenche, puisqu'à présent, il y a des acteurs supplémentaires qui disposent de moyens importants pour que cela n'arrive pas, comme les Nations unies, l'Algérie ou la France.»




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