Algérie

Malgré quelques miracles, l'Algérie peine à protéger ses zones humides


Malgré quelques miracles, l'Algérie peine à protéger ses zones humides
Travail complexe, la protection des zones humides exige l'intervention de multiples partenaires. Acteurs de l'agriculture, de l'eau, de l'environnement, du tourisme, de la pêche, doivent coordonner leur action. Cela peut déboucher sur des résultats étonnants, avec le retour à la vie de zones qui semblaient perdues.
L'Algérie a classé une cinquantaine de zones humides, de 14 types : grottes, las, oasis, chott, fogaras, gueltas, etc. en outre, treize nouveaux sites sont actuellement à l'étude, selon M Ammar Boumezbar, directeur de la protection de la faune et de la flore à la direction générale des forêts. M. Boumezbar a précisé jeudi, au cours d'une émission de radio, que les zones humides ne se limitent pas au nord du pays. Ainsi, deux sites viennent d'être classés à Tamanrasset, un à Illizi, dans le Hoggar Tassili.
Sites de transit pour certaines espèces, de nidification pour d'autres, les zones humides constituent des ensembles aussi complexes que fragiles. Les protéger s'avère tout aussi complexe, car plusieurs ministères y sont impliqués, ceux qui gèrent l'agriculture, la pêche, les ressources en eau et l'environnement. Les protéger impose de trouver le juste équilibre entre les besoins des populations et ceux de la nature. « Le citoyen se trouve au centre de la démarche ». Il faut donc élaborer « un plan de gestion », qui doit « absolument intégrer la population », pour « assurer une prise conscience envers les enjeux », a déclaré M. Boumezbar.
Il a plaidé pour que les zones humides soient « intégrées dans un ensemble économique, incluant l'agriculture et le tourisme », dans un strict respect des règles écologiques. Il a aussi rejeté les critiques selon lesquelles des sites sont devenus inaccessibles. « Il y a des espaces dont la préservation nécessite qu'ils soient interdits au public, et d'autres non », mais « la population doit y trouver son intérêt », a-t-il dit. Les PDRI (programme de développement rural intégré) ont été conçus à cet effet. Un millier de PDRI ont été définis, et près de la moitié d'entre eux ont été lancés.
En outre, une coopération internationale est souvent nécessaire pour protéger certains périmètres qui débordent les frontières. La zone humide d'El-Kala s'étend ainsi en Tunisie, et les deux pays ont engagé des actions communes. Mais le trajet de l'autoroute est-ouest, qui traverse cette zone, a été déplacé seulement de deux kilomètres, malgré les nombreuses protestations.
Le lac de Reghaïa revit
Si la réhabilitation d'une zone humide inclut la protection de l'agriculture, de l'eau, des terres et de l'environnement », la zone humide elle-même joue, en retour, elle aussi, un rôle écologique très important. L'absence de traitement des eaux usées est parfois compensée, au moins partiellement, par la végétation autour des superficies où se déverse cette eau, qui crée ainsi une zone humide. Le roseau, qu'on trouve en abondance dans ce genre d'endroit, a ainsi « un pouvoir purificateur exceptionnel », selon M. Boumezbar. C'est ce qui explique partiellement la floraison de la zone humide artificielle de Sebkhet Sefioune, dans la région de Ouargla.
Ce phénomène fait partie des équilibres que la nature réussit à rétablir alors qu'on croit que certains dégâts sont irréversibles. Plusieurs exemples l'attestent. Ainsi, des flamants roses, qui semblaient avoir déserté la zone humide autour d'El-Kala, ont en réalité migré vers Oum El-Bouaghi, où ils nichent par milliers, un phénomène nouveau relevé depuis trois ans. L'assèchement de deux lacs à El-Kala avait provoqué ce déplacement, avant un retour à la normale dans la wilaya de Tarf. Le lac Tonga, à El-Kala, s'est asséché en 1999. Le lac Noir également, à cause de deux forages. Mais la réalisation de deux barrages en amont de la plaine de Tarf a permis de rétablir la situation.
A l'inverse, des initiatives ont été lancées sans concertation, pour déboucher sur un résultat paradoxal. Ainsi, une station d'épuration, installée sur les berges du lac de Reghaïa, à l'est d'Alger, a suscité une vive controverse, car elle était perçue comme une intrusion dans un territoire qu'il fallait protéger. Mais à Reghaïa, se côtoient une zone humide dans laquelle nichent des milliers d'oiseaux, et la zone industrielle de Rouiba-Reghaïa, la plus grande d'Algérie. Le lac de Reghaïa avait subi d'importants dégâts. Au bout du compte, la station d'épuration, installée au mauvais endroit, permet aujourd'hui de traiter l'ensemble des eaux usées de la zone industrielle, ce qui a permis de nettoyer l'eau du lac et de la réguler, alors qu'auparavant, le lac s'asséchait de manière périodique. Et aujourd'hui, le lac reçoit jusqu'à 900 visiteurs par jour !
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