Au risque de provoquer la colère de l'organisation régionale de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), de l'Union africaine et du Conseil de sécurité de l'ONU, les membres du Conseil national de transition (CNT) malien (organe législatif provisoire tenant lieu de Parlement), depuis l'arrivée au pouvoir des militaires, au lendemain du putsch qui a emporté l'ex-président Ibrahim Boubacar Keïta, ont entériné, hier, une période pouvant aller jusqu'à 5 ans avant la tenue des élections et un retour des civils à la tête du pays. Le vote a abouti à ce résultat avec 120 voix pour, aucune voix contre et aucune abstention et il permet ainsi la révision en ce sens de la charte de transition initialement proposée par les nouvelles autorités du pays, en conséquence de la large consultation nationale organisée à ce sujet.Ladite charte de transition est devenue la référence incontournable du processus engagé pour mener le Mali à bon port, au moment où une crise multiforme affecte les populations, confrontées à une économie régressive, un contexte sécuritaire des plus alarmants et une pandémie de Covid-19 qui a mis à mal les faibles moyens dont dispose le pays au plan de la santé. L'urgence, estiment les nouvelles autorités, est de rétablir une situation sécuritaire à rude épreuve, avec le départ annoncé des forces d'intervention française (Barkhane) et européenne (Takuba), Bamako ayant réagi à l'annonce faite par Paris sur un retrait progressif en exigeant un retrait immédiat. Depuis 2012, le Mali a connu une dégradation continuelle et accélérée du contexte sécuritaire, les groupes terroristes à l'époque contenus dans le nord ayant progressé rapidement jusqu'à faire jonction au niveau de la région du Liptako-Gurma, également appelée région des Trois-frontières parce qu'elle est commune au Mali, au Niger et au Burkina Faso.
La révision adoptée, hier, par le CNT fixe la durée de la période de transition en se référant aux recommandations formulées par les Assises nationales qui ont été organisées fin 2021 par les nouvelles autorités du pays. Au terme de ces débats, il a été question d'une transition étalée entre 6 mois et 5 ans, ce qui a eu pour effet de provoquer de nouvelles sanctions, encore plus draconiennes de la Cédéao, le 9 janvier dernier, alors que les relations avec la France devenaient de plus en plus tendues. Le CNT n'a pas, pour autant, dissiper le flou qui concerne la date de la tenue des élections générales, annoncées pour fin février 2022 dans les semaines qui ont suivi le putsch d'août 2020, soit une transition de 18 mois tout au plus, mais finalement reportées «à une date ultérieure», sans autre précision. Autant dire que le bras de fer entre les autorités maliennes, d'une part, la Cédéao et la France, d'autre part, risque fort de s'envenimer durant les mois qui viennent.
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Posté Le : 22/02/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Chaabane BENSACI
Source : www.lexpressiondz.com