Algérie

Malgré les directives de Benbouzid: Des élèves sans tabliers renvoyés



Pour la seconde journée consécutive, des chefs d'établissements scolaires ont carrément renvoyé des centaines d'élèves chez eux en raison du non port du tablier indiqué, sachant très bien que ces couleurs (le bleu et le rose) sont pratiquement inexistantes au niveau du marché et en dépit de la directive du ministre de l'Education nationale, demandant aux chefs d'établissements d'être souples dans l'application de cette mesure, donnant même une semaine aux élèves pour s'y conformer.

 En revanche, d'autres chefs d'établissements ont été plus indulgents et se sont limités à donner un ultimatum aux élèves de porter dans les prochains jours les tabliers aux couleurs fixées officiellement. En outre, certains établissements ont carrément refusé des tabliers de couleur bleu foncé, exigeant des nuances plus claires. Parents et élèves ne savent donc plus à quel... bleu se vouer.

 Pour les parents d'élèves, cette manière d'agir relève carrément de l'irresponsabilité des chefs d'établissements qui daignent refuser l'accès aux élèves souvent nouveaux les condamnant à rester dehors. C'est le cas du lycée Mehadji Mohamed El-Habib de Maraval, dont le chef d'établissement a renvoyé chez eux, pour la seconde journée consécutive, plusieurs élèves, alors que la veille, le censeur du même établissement avait assuré que les élèves ne seront pas renvoyés et qu'un délai leur est donné jusqu'au retour des fêtes de l'Aïd, en reconnaissant lui-même qu'il est à la recherche de ce fameux tablier depuis 3 jours.

 Pour les parents, c'est un véritable cauchemar qu'ils vivent en ces derniers jours pénibles du mois de jeûne. Ils se font plusieurs boutiques par jour et à la moindre information c'est la ruée. C'est le cas d'un établissement spécialisé dans le tablier situé à la rue Bensnousi Hamida qui a été pris d'assaut durant les 3 derniers jours aussi bien pendant la journée qu'après le f'tour. Ce commerce florissant a même mis la puce à l'oreille à certains débrouillards qui ont décidé de faire la chaîne et de revendre les tabliers avec jusqu'à 200 dinars de bénéfice la pièce pour les allergiques aux bousculades.

 Mais si les élèves du cycle primaire et ceux du moyen et leurs parents se démènent comme des diables pour trouver des tabliers bleus et roses, ceux du cycle secondaire, notamment les filles, ne sont pas non plus sorties de l'auberge. En effet, pour les élèves filles des trois niveaux du secondaire, c'est le tablier blanc à manches longues qui est exigé. Celui-ci, quoique un peu plus disponible que le tablier bleu ou rose, commence à se faire rare lui aussi, et donc plus cher, car la demande augmente de manière exponentielle.

 Néanmoins, il y a quand même des initiatives encourageantes prises çà et là par quelques chefs d'établissements pour essayer de régler le problème. Dans ce cadre, notons l'initiative prise par la directrice du CEM Mohamed Bensaïd consistant à faire une commande générale selon les besoins exprimés auprès d'un confectionneur local. Cela permettra, d'abord, d'avoir des modèles plus ou moins uniformes, mais surtout de les acquérir à des prix raisonnables.

 D'autres parents, las de tourner en rond, ont carrément opter pour l'ultime solution : confectionner soi-même le fameux tablier, c'est-à-dire aller voir la couturière de famille, acheter les coupons de tissu nécessaires, sachant que cela reviendrait peut-être beaucoup plus cher, mais au moins on est sûr de la qualité. A ce niveau, survient un autre impondérable : trouver le bon bleu, en l'occurrence le bleu ciel comme exigé pour les garçons. Pour l'anecdote, un lycéen, de peur d'être renvoyé chez lui, est entré dans son établissement vêtu d'une blouse de travail de couleur bleu foncé.

 A la rue de la Révolution, au quartier du Derb, ou encore vers l'esplanade de l'Indépendance à M'dina Jdida où se concentrent les grossistes d'articles de bonneterie, les clients sont aux aguets, presque aux abois, et les petites quantités qui arrivent sont, au fur et à mesure de leur arrivage, disputées par des clients, mais aussi par des revendeurs.

 Tout compte fait, ce sont aussi les parents qui se retrouvent otages d'un empressement, pour ne pas dire d'un excès de zèle de la part de certains chefs d'établissements, en dépit du fait que le ministre s'est exprimé sur cette question en donnant un délai d'une semaine aux élèves pour permettre l'achat des tabliers et se conformer à la nouvelle prescription. Un commerçant, qui nous a contacté hier par téléphone, nous dira que « de mémoire de commerçant, je n'ai jamais vu un tel phénomène. En deux ou trois heures, plusieurs centaines de personnes sont entrées dans ma boutique pour demander un tablier bleu, blanc ou rose... décidément, c'est l'année du tablier ! ».




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