Le sachet de lait se fait de plus en plus rare. Quand le produit est
disponible dans quelques rares épiceries et supérettes de la capitale
notamment, il s'arrache souvent dans une tension extrême.
La tension sur le sachet de lait persiste depuis plus d'un mois, alors
que les autorités assurent qu'il n'existait aucune raison valable à une telle
situation qui pénalise en premier lieu les citoyens à faibles revenus.
Les chiffres disponibles au niveau du ministère de l'Agriculture et du
Développement rural sont très explicites et plaident en faveur des autorités.
En effet, l'importation de la poudre de lait, selon les chiffres en question, a
connu une hausse régulière ces dernières années. Cette poudre avec laquelle le
lait en sachet est fabriqué dans les usines serait disponible en quantité
suffisante.
Quelque 135 000 tonnes de lait en poudre ont été importées durant cette
année 2010 contre 121 000 tonnes l'année dernière. La quantité a atteint 225
000 tonnes, affirmait, il y a quelques jours sur les ondes de la chaîne III,
Mahmoud Benchekour, le président du Comité interprofessionnel du lait (CIL).
Il faut savoir qu'en 2009, selon toujours le ministère de l'Agriculture,
près de 5 milliards de litres équivalent lait ont été mis sur le marché
national, dont 4 milliards en lait de consommation et 1 milliard en produits
laitiers et dérivés.
Sur les 5 milliards de litres équivalent lait, 2,5 milliards proviennent
de la production nationale de lait cru et 2,5 milliards de l'importation. Ces 5
milliards de litres équivalent lait sont répartis comme suit : 1,2 milliard de
litres résultant des importations de poudre de lait de transformation
effectuées par l'ONIL, 1,3 milliard de litres résultant des importations de
lait (de consommation et de transformation) et des produits laitiers importés
par le secteur privé.
Il faut souligner qu'en matière de prix de cession au détail des 5
milliards de litres équivalent lait, 3,5 milliards ont été mis sur le marché à
prix libre alors que 1,5 milliard de litres avec des prix soutenus par l'Etat,
ce qui représente 30% du total consommé. C'est, semble-t-il, ce 1,5 milliard de litres
de lait soutenu par l'Etat qui est la cible de toutes les convoitises.
Certains transformateurs, nous a affirmé une source au ministère de
l'Agriculture, sont à l'origine de cette « perturbation ». Les transformateurs
en question se sont rabattus sur le sachet de lait subventionné par l'Etat pour
en faire des produits dérivés, du fromage et du yaourt notamment. Les marges
bénéficiaires se chiffrent en milliards, poursuit-on.
«Logiquement, cette pénurie ne devrait pas exister », nous a déclaré pour
sa part le président du CIL, Mahmoud Benchekour. Ce dernier, même s'il ne
désigne pas clairement les auteurs de cette «perturbation» que connaît le lait
en sachet, affirme que le lait subventionné qui coûte trois fois moins cher sur
le marché attire forcément des convoitises. La réorganisation du marché en fonction de la
dimension géographique est la solution à ce problème, soutient encore notre
interlocuteur qui souligne que l'organisme qu'il préside a été créé justement
dans le but de mettre de l'ordre dans la filière en associant tous les acteurs
et intervenants.
Cette «pénurie» intervient au
moment où le prix de la poudre de lait a augmenté sur le marché international
et coïncide avec les efforts déployés par le ministère de l'Agriculture pour
réguler la filière lait avec, notamment, la création et la mise en place du
Conseil national interprofessionnel de la filière.
Dans sa nouvelle orientation, le
ministère de l'Agriculture, en concertation avec les professionnels de la
filière, s'est fixé comme objectif de porter la couverture des besoins par la
production nationale à au moins 75% au lieu de 50% actuellement. En matière de
sécurisation de la disponibilité sur le marché du lait pasteurisé conditionné
(LPC) à 25 DA à raison de 1,2 milliard de litres par an, il est prévu que les
unités publiques soient mises sous sujétions publiques pour la fabrication d'au
moins 50% du LPC mis sur le marché national. Ils bénéficieront de ce fait de
poudre de lait subventionnée.
Pour ce qui est des laiteries
privées, celles-ci, explique une source au ministère de l'Agriculture, seront
sollicitées par voie de réponse à la manifestation d'intérêt annuel, pour
participer à couvrir les 50% restants sous réserve de répondre aux conditions
édictées dans un cahier des charges joint à l'appel à manifestation cité plus
haut.
Ce sont justement ces mesures,
qualifiées par notre source d'importantes pour l'économie nationale, qui
seraient à l'origine de malaises qui secouent la filière. En effet, en
cautionnant la nouvelle stratégie proposée par le ministère, certains
professionnels craignent de perdre leurs bénéfices engrangés de la moitié du quota
de poudre de lait subventionné qui leur est accordé pour la fabrication de lait
en sachet, pour en faire du fromage, du yaourt et d'autres produits dérivés.
Ayant pour but d'anéantir les
efforts pour la mise en place d'une industrie laitière nationale, certains
opérateurs simulent une crise et jouent la carte du consommateur pour amener
les autorités et le gouvernement à surseoir à toute démarche visant à
encourager le développement de la production nationale, tranche notre source au
ministère de l'Agriculture et du Développement rural.
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Posté Le : 20/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Z Mehdaoui
Source : www.lequotidien-oran.com