D'après lui, l'économie algérienne "a les capacités de résister à des chocs externes" liés à la fluctuation des cours mondiaux du pétrole. Bien évidemment, nos experts autant que l'opinion nationale ne demandent qu'à le croire.Pour expliquer la manière avec laquelle il a été élaboré, le plan quinquennal 2015-2019 qui sera soumis prochainement au Conseil des ministres, Abdelmalek Sellal a évoqué, jeudi lors de la tripartite, "des prévisions solides". Le Premier ministre se payera même le luxe de fustiger "les partisans de la critique destructive" qui, selon lui, sèment dans le pays "une ambiance de pessimisme".De quoi s'agit-il ' Répondant à "ces oiseaux de mauvais augure" qui, eux, prévoient notamment une dégringolade du prix du baril du pétrole sur lequel reposent précisément non seulement le prochain plan quinquennal, doté d'une enveloppe de 262 milliards de dollars, mais aussi toute l'économie du pays, le Premier ministre s'est voulu très rassurant.D'après lui, l'économie algérienne "a les capacités de résister à des chocs externes" liés à la fluctuation des cours mondiaux du pétrole. Bien évidemment, nos experts autant que l'opinion nationale ne demandent qu'à le croire. Et pour cela, M. Sellal gagnerait ainsi à nous éclairer sur les "raisons" de son optimisme qui seront, sans aucun doute, pour nous, autant de motifs d'espérer.À moins qu'il considère que l'opinion nationale est trop immature, sinon incapable de concevoir les rouages du commerce pétrolier mondial ou encore les arcanes de la diplomatie, des affaires jugées peut-être bien trop sérieuses pour un peuple qui doit seulement se contenter de consommer et de commenter les matches de football. "Où va l'Algérie '"Même nos experts dont la plupart, soulignons-le, sont (ou étaient) proches du sérail, n'ont pas répondu à cette sempiternelle question qui nous turlupine de plus belle. S'ils ne savent pas où va précisément l'Algérie, ils savent, en revanche, qu'elle y va. Et à grandes enjambées même. Les plus en vue d'entre eux, pour ne pas dire les plus prestigieux de nos économistes, s'accordent tous sur une tendance baissière lourde des prix des hydrocarbures. Mais qui dit vrai ' Et qui doit-on croire 'Des questions d'une extrême importance, mais qui sont néanmoins éludées par les affirmations de M. Sellal qui retient, pour sa part, "une critique destructive". Comme tout le monde, notre Premier ministre aimerait siroter, lui aussi, son café le matin en ne lisant que des bonnes nouvelles. Seulement voilà : en accordant tant d'intérêt aux "élucubrations" subversives de nos experts, il relativise, par la même occasion, la légitimité même de ses affirmations.Et s'il poussait davantage sa réflexion sur ces agissements considérés presque comme antinationaux, il se pourrait même que ses propres certitudes, aussi fondées soit-elles, se trouvent sérieusement ébranlées. Répugnant, pour l'heure, cet examen de conscience, le Premier ministre n'aura pas convaincu. S'agissant des prévisions des prix du pétrole pour les cinq prochaines années, il affirme que sur trois hypothèses, "la plus optimiste" a été retenue : "C'est un choix qui a été fait sur des bases réalistes. Nous ne nous dirigeons pas vers des horizons inconnus", a-t-il jugé utile de préciser.Bien évidemment, derrière toute cette controverse, il y a une question éminemment "politique" : y a-t-il un pilote dans l'avion ou navigue-t-on à vue en Algérie ' Difficile de ne pas croire, en effet, que nos dirigeants ne travaillent qu'"au coup par coup", comme l'assènent, d'ailleurs, régulièrement nombre d'observateurs. La gestion courante des affaires du pays, étant déterminée par une forte réactivité face aux urgences, aux évènements nationaux et aux aléas d'ordre exogène, on a aujourd'hui du mal à croire que nos dirigeants disposent, comme ils le prétendent, d'une véritable "stratégie".Car une stratégie, comme par exemple une transition politique, économique ou encore énergétique, impliquerait pour nos décideurs qui, du reste, décident de moins en moins, une dynamique trop incertaine, sinon trop complexe. Alors, ils se contentent seulement de rester au pouvoir. On préfère l'attentisme général. On ne bouge pas. Chacun à sa place, on défend les acquis, le statu quo... Le problème, toutefois, est que pendant ce temps, le pays est en panne, en panne justement de décisions, de décisions courageuses.Nos dirigeants espèrent qu'en différant ces décisions nécessaires, le monde qui voltige autour d'eux aura, entre-temps, changé. C'est peut-être cela la vraie chimère !M C LNomAdresse email
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Posté Le : 20/09/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Chérif LACHICHI
Source : www.liberte-algerie.com