Algérie

Malgré des opérations d'hydraulique coûteuses réalisées en 2020: Une partie d'Es-Sénia n'en finit pas avec la remontée des eaux souterraines



Malgré la réalisation d'opérations d'assainissement et la mise en place de solutions hydrauliques très coûteuses financièrement, le problème de la remontée des eaux souterraines à Es-Sénia n'a pas été résolu de manière totale et définitive.Loin de là, une bonne partie du territoire de cette étendue commune relevant du grand groupement urbain d'Oran est toujours affectée par ce phénomène. C'est le cas, notamment, de tout un axe du centre urbain d'Es-Sénia, en plein c?ur du chef-lieu de la commune, qui s'est mué en un point noir sous l'effet de débordement des eaux usées du réseau souterraines et d'assainissement. Il s'agit de la parallèle au boulevard Bahi Amar, celle longeant la ville d'Es-Sénia du côté du 4ème périphérique, ainsi qu'une bonne partie des rues transversales. Le périmètre est en effet le lieu de stagnation des eaux usées domestiques qui refluent du circuit d'assainissement, à partir des regards situés sur la bordure de la voie secondaire en contrebas de la rocade. Alimentée par les eaux d'égouts, une nauséabonde mare noire grandeur nature a fini par s'installer dans cet endroit, pourrissant la vie pour des centaines d'habitants et de commerçants. Outre son effet polluant sur l'environnement urbain et les multiples risques qu'il présente en termes d'hygiène et de santé publique, ce point noir pose problème en matière de circulation, automobile et piétonne à la fois, sachant que cet axe représente une voie de contournement pour éviter l'encombrement du centre-ville.
L'AXE BAHI AMAR: UN POINT NOIR NON RESORBABLE
A l'évidence, quand il pleut abondamment comme c'est le cas de ces trois derniers jours, « l'étang » gagne en largeur et en profondeur avec l'apport des eaux pluviales et de ruissèlement, prenant en otage tous les riverains, bien que ce soit en saison estivale que le niveau d'alarme atteigne son maximum, avec le risque des maladies à transmission hydrique (MTH) et le phénomène de prolifération des moustiques, notamment. En fait, le comité de quartier Bahi Amar, Es-Sénia, n'a jamais cessé d'alerter les autorités locales au sujet de ce problème, notamment par le biais d'une lettre-pétition, avec une série de rappels, à destination du secrétaire général de la wilaya et par ailleurs président du comité local de lutte contre les MTH, en interpellant l'intervention des pouvoirs publics «pour mettre fin à notre calvaire qui dure depuis plusieurs années qui a tendance à s'aggraver».
Dans la même correspondance, dont une copie a été envoyée au chef de daïra, le maire et le directeur de wilaya des ressources en eau (DRE), les habitants signataires de la requête notent : « Nous subissons quotidiennement le débordement des eaux usées refoulées des regards, qui inondent non seulement cette voie publique mais également les accès de nos habitations ». Selon les investigations menées par les habitants, « ces regards font partie de la conduite principale, de diamètre 800, qui draine la majeure partie du chef-lieu et des agglomérations secondaires ». « Le refoulement des eaux usées se produit, ajoutent-ils, lorsque le débit est assez fort et les pompes situées en amont sont actionnées en sus de quelques bouchons situés en aval de la voie, c'est-à-dire aux environs du pont et de la caserne militaire sur le CW 83 ». Toujours à en croire la version des habitants, sur la base d'un recoupement d'informations, « la situation est due principalement au fait que sur les quatre pompes installées dans la station-mère, à hauteur de l'entrée de la ZI du côté du passage à niveau entre la voie ferrée et le chemin routier, seule une d'entre elles est fonctionnelle depuis un certain temps, les trois autres étant en panne ou carrément hors d'usage pour cause de vétusté ». D'après les mêmes habitants, « la non-prise en charge de ce problème à ce jour ne fait qu'aggraver la situation et par là même le quotidien des riverains, notamment en cette période pré-estivale, marquée par les odeurs infectes, la prolifération de moustiques, l'inaccessibilité du tronçon menant au nouveau stade de proximité et le siège de la subdivision du commerce, sans oublier le risque de maladies hydriques et autres toxi-infections et épidémies contagieuses ».
UN CASSE-TETE RECURRENT
Selon une source communale, l'APC d'Es-Sénia aura fait tout ce qui était possible dans le cadre de la prise en charge de ce problème, en ayant notamment, et ce sur la base de constats établis par le Bureau d'hygiène communal, alerté en temps opportun les services de la SEOR, avec une série de lettres de rappel avec demande d'intervention en urgence. Toutefois, et ce du témoignage même des habitants, «la commune ne s'est pas contentée d'une gestion à coups de PV et de correspondances administratives, mais a été toujours présente sur le terrain par ses moyens de bord, à travers les opérations de curage ou de vidange, nettoyage et assèchement, etc.». Cependant, le problème est bien plus compliqué pour que ces petites interventions de rafistolage puissent le régler et requiert forcément une solution fiable et définitive par le biais du gestionnaire du réseau, la Société de l'eau et de l'assainissement d'Oran (SEOR). Il y a deux ans, contacté à ce sujet, le directeur de l'assainissement de la SEOR avait indiqué que ses services étaient en train de prendre en charge comme il se doit le cas signalé au niveau d'Es-Sénia et étaient déjà parvenus après étude et essais à déterminer la solution à mettre en place pour remédier au problème. Selon le même responsable, la situation devait être rétablie « à très brève échéance, au plus tard jeudi (dernier) ».
Il est vrai que, effectivement, la situation semblait avoir été rétablie quelques semaines plus tard, dans le sens où le phénomène de remontée des eaux en surface avait disparu, mais malheureusement cela aura été de courte durée puisque le problème a repris de plus belle depuis pratiquement un an et demi. Il faut noter par ailleurs que le problème est tellement grave et préoccupant qu'une brigade de la cellule de l'environnement relevant du groupement de la Gendarmerie nationale et la wilaya d'Oran s'est déplacée sur place, il y a quelque temps, où elle a fait un constat des lieux et procédé à plusieurs actes, dont le prélèvement d'un échantillon des eaux débordantes et stagnantes.
DES SOLUTIONS COUTEUSES ET DES EFFETS D'ANNONCE
Véritable casse-tête pour tous les gestionnaires qui se sont succédé à la tête de la wilaya d'Oran, le problème de la remontée des eaux souterraines dans la zone d'Es-Sénia devait être solutionné en milieu de l'année 2020. C'est du moins ce sur quoi s'étaient engagés à l'époque les services de la wilaya d'Oran par le biais d'un communiqué signé par le wali d'alors, M. Djellaoui Abdelkader, qui avait promis des mesures adéquates pour mettre fin à la montée des eaux dans cette région, à l'effet de réduire la pression exercée sur les canalisations du réseau d'assainissement à partir de la station de refoulement jusqu'à la station de traitement et d'épuration (STEP) d'El Kerma. Parmi ces décisions, la réalisation d'une opération de réorientation du réceptacle de la station de refoulement situé sur l'axe routier de Dhaya, et partant l'allègement de la pression sur la station de refoulement située sur la route de Misserghine.
Selon le même communiqué, un projet était prévu pour l'aménagement du réseau d'assainissement à Haï Mohamed Boudiaf qui connaît le phénomène de montée des eaux de manière récurrente, a-t-on fait savoir, notant qu'une enveloppe de 240 millions de dinars était consacrée à cette opération, financée sur budget de la wilaya et qui figurait parmi les priorités définies pour en découdre avec cette problématique dans la région sus-indiquée et par conséquent alléger, grâce à ces deux opérations, la pression sur les réseaux d'assainissement à hauteur de 60%.
UN PROBLEME PLUS PROFOND
La direction de l'urbanisme, de l'architecture et de la construction envisageait également, dans le cadre de ces mesures ayant un «caractère d'urgence», de réaliser une station de refoulement au nouveau pôle urbain «Ahmed Zabana» à Misserghine pour la connecter à la STEP d'El Kerma, qui permettra, une fois réceptionnée, d'alléger la pression qui se trouve dans la région d'Es-Sénia. Face aux inquiétudes exprimées par les habitants et les agriculteurs d'Es-Sénia, sur la remontée des eaux souterraines, le même wali d'Oran de l'époque avait tenu plusieurs réunions techniques consacrées essentiellement aux dispositions à prendre pour parer à ce phénomène. Et ce, en présence des représentants des services techniques concernés ainsi que les directeurs des ressources en eau, de la Société de l'eau et de l'assainissement d'Oran SEOR, le bureau d'études chargé d'élaborer une étude sur la remontée des eaux souterraines au niveau de la zone d'Es-Sénia.
Lors de l'une de ces séances de travail, un expert a donné d'amples détails sur cette étude qui s'est étalée sur deux années et qui a révélé les causes principales de ce phénomène. Entre autres causes, l'expert a mis en exergue « l'emplacement géologique de la zone d'Es-Sénia appartenant au bassin de la Sebkha, avec une nature géologique peu perméable ; l'expansion urbaine et la réalisation de barrières souterraines dans les bâtiments (murs en béton et caves), qui entravent le cours normal des eaux souterraines vers la grande Sebkha, les aménagements opérés sur des routes et le bitumage, etc. ». Des solutions ont été présentées pour éviter la remontée des eaux souterraines et protéger les agglomérations urbaines d'Es-Sénia, tout en protégeant les grandes infrastructures situées au niveau de cette zone telles que l'aéroport, l'université... En tant que solution urgente, la société de SEOR s'est engagée à réduire la pression sur la zone en effectuant des transferts partiels vers d'autres stations. Dans le moyen terme, la solution consiste à réaliser des canaux de drainage de cette eau vers l'estuaire naturel de la Sebkha, sur une longueur de plus de 15 kilomètres, avec une couverture financière d'environ 1,5 milliard de dinars.


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