Algérie

Malek Benyahia



Malek Benyahia
Passer plus d'un quart de siècle à bichonner la terre battue de Roland-Garros, c'est la très longue histoire d'amour vécue par Malek Benyahia avec le prestigieux tournoi parisien.Un long bail de 26 années principalement consacré à l'entretien du court n°1, et qui s'est achevé à l'automne 2013. En jetant un coup d'?il sur le passé de l'Algérien, on s'aperçoit que le dialogue avec l'humus a toujours été permanent. Un fondement même de son activité professionnelle. Agriculteur dans sa région natale, il continue, après son arrivée en France en août 1973, à travailler le sol en tant que jardinier.C'est suite à une heureuse recommandation familiale que son destin bascule dans le temple du tennis français. «Je suis entré à Roland-Garros par hasard, en 1987, grâce à un cousin qui y travaillait. Après un essai concluant de trois mois, j'ai remplacé une personne qui prenait sa retraite.» Durant la quinzaine de Roland-Garros, événement phare et ultra médiatisé du monde de la petite balle jaune, le natif de Medjana (Bordj Bou Arréridj) n'a jamais eu le temps de chômer. Sur le pied de guerre dès 6h30, sa journée ne se terminait jamais avant 21h30. Son credo : offrir les meilleures conditions à des joueurs devenus plus exigeants. «La qualité de travail ici, c'est un court propre sans trou ni bosse. Les anciens joueurs arrivaient et jouaient sans se soucier du terrain.Les tennismen d'aujourd'hui, plus consciencieux, scrutent davantage l'état du court. Contrairement aux surfaces en dur, ils remarquent tous les détails sur la terre battue», précise le Bordji. Pour parvenir à ce résultat optimal et rendre le terrain opérationnel dix minutes avant un match ou un entraînement, le rituel de préparation était toujours le même. Constater l'état des bâches. Retirer l'eau s'il a plu la veille. Débâcher le court pour voir l'état du terrain. Gratter les bosses à l'aide de la raclette. Reboucher les trous avec du calcium (appelé aussi chlorure), pour que l'humidité, après arrosage, soit conservée.Passer le filet pour rendre la surface plane. Enfin, placer le mobilier pour les principaux acteurs. Malgré son côté méticuleux, il n'était pas rare qu'un arbitre de chaise, sous la pression amicale d'un joueur, demande à l'expérimenté Benyahia d'apporter quelques retouches sur son court. Mais sur son territoire, il a toujours mis un point d'honneur à rester le patron : «L'arbitre nous sollicitait, mais c'est moi qui décidais de ce que je devais faire. Si j'estimais que le court était bien préparé, je demandais à ce qu'il ne soit pas retouché. Mais si je voyais que le terrain avait séché, et que les joueurs se plaignaient, je faisais un petit arrosage.» Rangé des courts depuis septembre dernier, Malek n'a pas voulu donner suite aux sollicitations de la direction de Roland-Garros de prolonger son aventure d'une ou deux années supplémentaires.Il a préféré remiser définitivement ses balais, ses raclettes, ses filets et ses souvenirs. Le jeune retraité de 64 ans a privilégié un retour aux sources : «J'ai refusé la proposition de la FFT. J'ai assez donné. Ma femme et mes enfants sont restés en Algérie. J'aimerais aussi profiter de mes petits-enfants.» Quand l'appel de la terre natale se fait entendre?




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